Foire au sens noble
Mais il garde pourtant l’essentiel, à savoir sa taille. Le Salon de Genève est la seule foire du livre de Suisse, «foire» étant utilisé dans son sens noble de rencontres, de brassages, de désordre fertile. C’est parce que le Salon est à Palexpo, grande halle capable d’accueillir des dizaines de milliers de visiteurs, que le grand public s’y sent chez lui, sans jugement, sans exigence de savoir préalable. Une dimension que la manifestation a d’autant plus cette année qu’elle devient gratuite. A côté des excellents festivals qui ont essaimé dans toute la Suisse romande, il faut un lieu et un Salon qui s’adressent autant aux connaisseurs qu’à celles et ceux qui ont peu accès aux livres.
En trois ans, autre chose encore a changé: l’emprise des réseaux sociaux et du numérique sur nos vies, et en particulier, sur celles des plus jeunes. Le Salon du livre, c’est aussi, voire surtout, 300 classes d’enfants et d’adolescents qui déambulent avec gourmandise dans les travées. Qui voient des gens qui discutent, qui échangent des idées sans forcément être d’accord entre eux. Ils découvrent que les livres sont des vecteurs d’imaginaire et donc de joie. Ils ne s’en rendent pas compte sur le moment mais ils repartent changés. Oui, plus aguerris pour repousser les guerres et les populismes. Et pour inventer demain.