La loi climat, un projet qui a corrigé les erreurs du passé
ÉDITORIAL. Ce sera la caisse fédérale, et non le consommateur seul, qui financera en partie les mesures de l’inéluctable transition énergétique. Un argument de poids en faveur du oui

Se frotter au peuple a du bon. Cela amène les décideurs politiques à rectifier ce qui doit l’être. La politique climatique en constitue un bel exemple. Il y a deux ans, la loi CO2 se fracassait – de peu – en votation populaire, malgré une large assise politique. Exit les taxes d’incitation frappant mazout de chauffage, essence ou billets d’avion. En adressant la facture au consommateur, la majorité parlementaire et le Conseil fédéral ont poussé le bouchon trop loin. Le souverain signifiait à ses gouvernants son refus de «casquer» directement pour un réchauffement climatique qu’il n’a pas délibérément provoqué.
Depuis lors, on peut dire que l’alliance climatique, qui ratisse de la gauche au centre droit, a retenu la leçon. Elle a corrigé les erreurs de la loi CO2. Accélérer la transition énergétique? Oui, car le dérèglement climatique coûtera davantage à terme. Mais pas en ponctionnant le porte-monnaie de chacun. L’Etat a une part de responsabilité, et il dispose (surtout en Suisse) de moyens financiers susceptibles de faciliter la bascule vers la décarbonisation. Par conséquent, il peut donner des coups de pouce ponctuels.
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Pas de nouvelle taxe
C’est sur ce principe que tous les partis se sont accordés, à l’exception notoire de l’UDC. Le paquet ficelé prévoit des aides, entre autres pour remplacer les chauffages polluants, dont le total oscillera entre 200 et 400 millions de francs par année, pendant dix ans. Aucune nouvelle taxe ni hausse d’impôts. Pour la caisse fédérale, dont les recettes annuelles avoisinent les 80 milliards, cette enveloppe climatique demeure modeste. D’autres secteurs se taillent des parts de gâteau souvent bien plus grandes: l’agriculture, l’armée, la formation et la recherche, l’aide au développement, les infrastructures ferroviaires et routières, ou encore certaines assurances sociales…
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Qui plus est, le projet ne contient pas de délai trop rigide pour la neutralité carbone. Il vise certes l’horizon 2050 pour mettre en œuvre l’Accord de Paris. Mais il se réserve une porte de sortie: si la transition énergétique se révèle au fil des ans trop chère ou impossible à réaliser techniquement, les sources fossiles resteront utilisables.
Attention à ne pas s’isoler
Les conditions sont donc réunies pour dire «oui». Certes, cette loi ne résoudra pas tous les problèmes énergétiques. Mais c’est, selon l’expression consacrée, un pas dans la bonne direction. Ne rien faire reviendra plus cher… et exposera la Suisse à une situation désagréable qu’elle connaît bien: les pressions de ses voisins, qui, à l’image de l’Union européenne, progressent dans la transition climatique.
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