La magie intacte d’Apollo 11
ÉDITORIAL. Samedi prochain, on fêtera le cinquantenaire du premier pas de l’homme sur la Lune. L’occasion d’en restituer toute la portée historique, plus jamais égalée depuis 1972

Depuis la fin de l’année 1972, aucun humain ne s’est éloigné de plus de quelques centaines de kilomètres de la Terre. C’est dire l’exploit, avec une distance parcourue de presque 800 000 kilomètres aller-retour, réalisé par les astronautes américains d’Apollo 11 qui, les premiers, ont foulé le sol de la Lune le 20 juillet 1969, il y aura donc exactement un demi-siècle samedi prochain.
Tous les plus de 55 ans s’en souviennent, de ces images floues apparues dans les postes de télévision au milieu d’une folle nuit, quasi métaphysique, au terme de huit années de développement d’un programme spatial voulu par le président John F. Kennedy pour damer le pion aux Soviétiques, qui avaient pris une avance considérable sur les Etats-Unis dans la compétition farouche que se livraient alors les deux grandes puissances de l’exploration spatiale, en pleine guerre froide.
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Un saut quantique
A relire une décennie de nos archives sur le sujet, on mesure à quel point cette odyssée de l’espace, un an après celle de Kubrick et dix-sept ans après celle de Tintin et ses compagnons, représentait un saut quantique dans la perception d’un monde à la finitude plus discutable que jamais. Un «grand bond pour l’humanité» incarné par Neil Armstrong et Edwin «Buzz» Aldrin en bibendums sautillant avec grâce sur un sol inconnu. Qui plus est en direct, alors que la reine Isabelle la Catholique n’avait appris que Christophe Colomb avait découvert un nouveau continent que six mois plus tard!
Le pari de Kennedy
Aussi bien le Journal de Genève que la Gazette de Lausanne ont relaté cette épopée lunaire dans ses moindres détails techniques, que nous revisitons cette semaine à l’occasion du jubilé. Mais ils l’ont aussi scrutée et analysée sous tous les angles, pour dire comment la conscience de soi et des autres a pu être affectée par ce first step que l’on pourrait comparer à ce moment du Dévonien, il y a 370 millions d’années, où les premiers des amphibiens sont sortis des eaux pour conquérir les terres.
L’objectif fixé à la NASA tenait du pari. Sa réussite a fasciné toute une génération d’humains, regardant grâce à la télévision la Terre se lever à l’horizon de la Lune et traversant le miroir comme Alice, puisque, au même instant, ils étaient regardés, chez eux, sur la planète bleue, écrivait alors Franck Jotterand. Vertige abyssal qui conserve encore son actualité cinquante ans après, au moment où toutes sortes de projets fleurissent pour y retourner, sur le sol sélène. D’ailleurs, peu importe pour l’heure que cela se fasse ou non, la magie d’Apollo reste intacte.