Il y a deux ans, le monde découvrait avec stupéfaction son ultra-dépendance à une énorme usine de puces électroniques basée sur l’île de Taïwan. Une année plus tard, l’Allemagne se mordait les doigts d’avoir misé sur le gaz russe pour accomplir sa transition énergétique. Sans parler de la technologie 5G que plus aucune entreprise européenne ne maîtrise.

Tandis que les panneaux solaires sont littéralement pris d’assaut par une population qui souhaite réduire son empreinte carbonique et gagner en indépendance électrique, il est intéressant de noter que le Vieux-Continent est passé tout près du grounding photovoltaïque. Alors qu’il avait été leader de cette technologie qui transforme les rayons lumineux en courant, il ne comptait plus une entreprise capable de fabriquer une cellule solaire, pièce maîtresse de ces installations qui garnissent nos toits. A l’exception peut-être d’une petite ligne de production qui avait survécu au massacre, en Lituanie.

Lire aussi: Photovoltaïque: quand la Chine donne des leçons à l’Europe

Sans coup de pouce étatique, point de salut

Aidée par ses autorités, la concurrence chinoise a en effet exterminé la filière. Elle a bien failli avoir raison de Meyer Burger, dernier des Mohicans d’un secteur exsangue. Fleuron de l’industrie qu’il équipait avec des scies à silicium longtemps jugées inégalables, l’entreprise bernoise a enchaîné les exercices déficitaires, assistant, impuissante, à la descente aux enfers du cours de son titre, qui est passé de 5,50 francs à 10 centimes.

Impuissante? Pas tout à fait. Car, pendant que les investisseurs la vouaient aux gémonies, Meyer Burger développait patiemment à Neuchâtel, avec le centre de recherche CSEM, une nouvelle technologie plus performante, convaincue que son salut ne viendrait que par l’innovation. Exit les machines, la voici aujourd’hui fabricante de panneaux et de cellules solaires, peinant à répondre à la demande dans son usine allemande de Freiberg, se préparant même à fournir le marché américain. La rentabilité n’est pas retrouvée, l’approvisionnement en composants relève du cauchemar, mais les ventes augmentent et les contrats affluent.

Lire également l'article lié: Gunter Erfurt, patron du fabricant de panneaux solaires Meyer Burger: «Il ne faut pas susciter la panique»

Si les signaux sont au vert, la partie n’est évidemment pas encore gagnée. Le parcours de cette entreprise qui refuse de s’avouer vaincue force toutefois le respect et rappelle la puissance de l’avancée technologique. Il n’aurait toutefois pas été possible sans l’aide de la Confédération et des pouvoirs publics allemands. Faut-il s’en offusquer? Dans les milieux de l’innovation, plus personne ne croit à l’avènement de géants industriels sans coup de pouce étatique.