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Le naufrage démocratique étasunien

ÉDITORIAL. L’attaque du Capitole, encouragée par Donald Trump, ne doit pas faire oublier la responsabilité d’une centaine d’élus républicains, qui n’ont cessé de remettre en question la légitimité de l’élection de Joe Biden

Ce 6 janvier 2021 restera comme le jour où la démocratie américaine a touché le fond. — © Evan Vucci/AP Photo via Keystone
Ce 6 janvier 2021 restera comme le jour où la démocratie américaine a touché le fond. — © Evan Vucci/AP Photo via Keystone

Le chaos provoqué par des trumpistes en colère à l’assaut du Capitole va durablement marquer les esprits. Ces scènes, aussi choquantes que honteuses, donnent une image déplorable de la démocratie américaine. Donald Trump en est le principal instigateur. Aux abois, dans le déni le plus total, le président a, par sa rhétorique agressive, son incapacité à reconnaître sa défaite et sa propension à faire écho aux idées conspirationnistes, galvanisé ses militants les plus virulents. Il les a, depuis des mois, nourris de haine, alimentés de contre-vérités. Puis, il a observé sa folie destructrice opérer. Ce 6 janvier 2021 restera comme le jour où la démocratie américaine a touché le fond.

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Comment neutraliser un Donald Trump en roue libre jusqu’au 20 janvier, jour où Joe Biden deviendra le 46e président des Etats-Unis? Son attitude indécente, après quatre ans de règne chaotique, laisse augurer le pire. Des voix s’élèvent pour réclamer son départ immédiat de la Maison-Blanche. L’idée d’invoquer le 25e amendement de la Constitution a été évoquée parmi des membres de son cabinet. Mais Donald Trump n’est pas l’unique responsable de ce qui est arrivé mercredi. Des élus républicains, complices, l’ont soutenu dans son délire de ne pas reconnaître sa défaite. Malgré l’absence de preuves de «fraudes massives». Sans respecter le vote des grands électeurs, ni les décisions de tribunaux. En ignorant même la Cour suprême.

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Bien sûr, des poids lourds du parti ont fini par s’en désolidariser. Mercredi, Mitch McConnell, jusqu’ici président de la majorité républicaine au Sénat, a, avant les scènes de chaos, dénoncé la «spirale mortelle» qu’impliquerait le refus de certifier l’élection de Joe Biden. Mais il a réagi tardivement. Il n’a reconnu la victoire du démocrate qu’après la confirmation du Collège électoral, à la mi-décembre. Autre fidèle de Trump, le sénateur Lindsey Graham ne lui a tourné le dos qu’après l’insurrection. Au total, ce sont bien 147 élus républicains qui se sont opposés, au Capitole, à la victoire de Joe Biden. Contester la légitimité d’un président élu, dans le plus grand irrespect des institutions, a de lourdes conséquences. Ce cirque politique et les scènes de chaos donnent, de l’aveu même de George W. Bush, des airs de «république bananière» aux Etats-Unis.

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Joe Biden va démarrer son mandat avec un pays en lambeaux, bouquet final de la présidence Trump. Et le besoin urgent de restaurer son image, de retrouver «honneur, décence, respect et tolérance».