Au nom de toute la puissance de l’Union
OPINION. Face au coronavirus, soit l’Europe se montre solidaire, soit elle disparaît

Il y a quelques jours, Ursula von der Leyen remerciait par un tweet l’aide proposée par la Chine à plusieurs pays européens. La présidente de la Commission rappelait que l’Europe avait envoyé en janvier 50 tonnes de matériel d’aide à la Chine et concluait: «En ces temps difficiles, nous avons besoin les uns des autres.» La réalité est que l’Union européenne a déjà perdu une bataille face au virus: celle de la communication. Alors que des nations du continent remercient Pékin pour son action habilement médiatisée, l’UE est critiquée pour son manque de solidarité.
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L’Italie demande plus
La question est à présent de savoir si l’UE va remporter le vrai combat, non pas celui contre le coronavirus, mais contre ses effets économiques. Les Etats ayant refusé à Bruxelles toute compétence en matière de santé, c’est sur le plan financier que cela va se jouer. Le virus va-t-il faire sauter le verrou du dogme de l’austérité? L’Union en déliquescence est-elle capable d’une solidarité qui seule lui redonnera du sens?
Le virus va-t-il faire sauter le verrou du dogme de l’austérité?
On en prend le chemin. Après l’annonce d’un plan de soutien de 750 milliards à la zone euro par la Banque centrale européenne, la Commission prône une dérogation au fameux Pacte de stabilité et à sa règle des 3% de déficit public. Cette mesure sans précédent devrait être validée cette semaine par le Parlement. L’Italie, le pays le plus durement frappé à ce jour, salue ces mesures. Mais elle demande plus: l’activation du Mécanisme européen de stabilité doté de 410 milliards d’euros et la création de «corona bonds», en d’autres termes: une mutualisation de la dette créée pour lutter contre cette crise. L’Europe du Nord concédera-t-elle à l’Italie ce qui avait été refusé à la Grèce?
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Pilule amère
On n’y est pas encore. Mais là aussi les choses pourraient évoluer très vite car la chute des marchés provoquée par le Covid-19 devrait frapper plus équitablement le continent que ne le fit la crise de la dette. Les fractures Nord-Sud, Est-Ouest seront alors effacées.
Pour le continent, la pilule peut sembler amère. Après une crise financière importée des Etats-Unis, voici une crise épidémiologique qui a voyagé depuis la Chine. A chaque fois, l’Europe apparaît comme bien mal préparée pour résister aux déflagrations de la mondialisation. C’est à présent l’heure de vérité. Après le Brexit, l’UE ne survivrait pas à un Italexit. Giuseppe Conte a demandé à Bruxelles d’utiliser «toute sa puissance» pour aider son pays. S’il est entendu, l’Union en sortira renforcée. Sinon, ce pourrait bien être l’ensevelissement d’un idéal.