L’OCDE ne sort pas grandie de sa contribution aux travaux du G20. L’établissement des fameuses listes et la correction apportée hier, avec le retrait quasi immédiat des moutons noirs, soulignent le dévoiement inexcusable d’une organisation intergouvernementale. De fait, les «puissants» ont dicté au petit monde leur loi et sommé les petits de l’appliquer d’ici à novembre. La manœuvre, grossière, entache l’honnêteté scientifique d’une organisation chargée d’élaborer les principes d’une bonne gouvernance.

Cela dit, l’OCDE et son réseau d’experts ne sont pas dupes. La longue liste de travaux sur l’économie et la fiscalité, la compétitivité des nations ou… les «bienfaits de la concurrence fiscale» témoigne d’un long processus normatif qui avance. Il y a très longtemps déjà que les experts de l’OCDE insistent sur la nécessité de règles claires et équitables dans l’établissement de normes fiscales. La publication de listes «noires» est sans doute exécrable dans son principe, et plus encore dans sa formalisation arbitraire, mais elle marque peut-être une rupture politique. Pour collaborer et commercer, les Etats doivent éliminer les zones de non-droit et combattre des abus manifestes qui faussent les échanges ou pénalisent les investissements. De ce point de vue, la Suisse a mis de l’ordre dans sa doctrine officielle. Il lui appartient aujourd’hui de se battre pour que les arbitres des querelles soient neutres et non le fait d’un groupe d’Etats autoproclamé et partisan. Déjà, nombre d’experts et d’ONG exigent que l’OCDE reprenne ses travaux selon une méthodologie scientifique et éprouvée. Elle a tout à y gagner en jouant la transparence. Car trop souvent, ceux qui exigent des «listes noires» cherchent à punir les autres pour mieux dissimuler leurs propres failles.

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