«Qui aurait pu prédire la crise climatique aux effets spectaculaires cet été dans notre pays?» Avec cette petite question rhétorique, Emmanuel Macron avait créé la polémique à l’heure du bilan de l’année 2022 et des vœux pour la nouvelle année 2023. On l’accusait de ne rien avoir vu venir malgré les multiples alertes des scientifiques depuis des décennies. Après les méga-feux de l’été 2022, on pouvait tout de même se dire que les choses arrivaient un peu plus vite que prévu. On n’en était plus à des menaces sur dix ans ou plus. Les effets étaient là, sous nos yeux. Violents.

Mais le pire n’est jamais sûr, il est même pire chaque année dans ce domaine, semble-t-il. En Espagne et dans le sud de la France, la sécheresse a continué tout l’hiver et elle révèle, en ce printemps, des réserves d’eau au plus bas depuis le début des analyses. La nature est sèche et plusieurs incendies de forêt ont déjà eu lieu dès ce mois d’avril. A tel point que les autorités imposent des restrictions que l’on n’avait jamais vues aussi tôt dans l’année, notamment pour les piscines et l’arrosage. L’été des feux et des pénuries s’annonce historique. Désormais, les catastrophes estivales commencent dès le printemps.

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L’ère de l’insouciance est donc bel et bien derrière nous. Cette accélération exponentielle des effets très tangibles et visibles du réchauffement sur nos propres territoires – littéralement dans nos propres jardins – va de pair avec une accélération de la prise de conscience. On pourrait même trouver dans ces effets psychologiques un aspect rassurant pour les années qui viennent: les populations semblent beaucoup plus prêtes à de gros efforts de sobriété quand elles sont face à des risques de pénuries ou de catastrophes très concrets et immédiats. Pour changer les habitudes, les menaces à six mois sont beaucoup plus efficaces que les discours scientifiques portant sur plusieurs décennies. On l’a vu avec les économies d’énergie cet hiver (même si elles étaient davantage liées à la guerre en Ukraine qu’au réchauffement climatique), on le voit désormais avec les économies d’eau dans le sud de la France ce printemps. Et ce, peut-être beaucoup plus vite qu’on ne l’aurait cru, comme Emmanuel Macron semblait vouloir le dire.

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