Au terme des auditions effectuées par les autres partis, aucun des trois candidats officiels de l’UDC ne crève l’écran, ni n’affiche une stature d’homme d’Etat. Le 9 décembre, il faudra élire celui qui paraîtra le moins inexpérimenté, le moins inféodé à la ligne intransigeante de l’UDC, le plus apte à faire passer l’intérêt national avant l’intérêt partisan.

Ce choix ne sera pas facile. Les trois prétendants ont des qualités et des défauts, qui ne se recoupent pas. Un seul a une expérience d’exécutif: Norman Gobbi. Deux sont polyglottes: Norman Gobbi et Thomas Aeschi. Deux ont une formation universitaire et un profil complémentaire à celui d’Ueli Maurer: les deux mêmes. Un semble plus apte au compromis, plus malléable, que les deux autres: Guy Parmelin. Un semble plus proche de Christoph Blocher: Thomas Aeschi, dont on a parfois l’impression qu’il est relié à son mentor par un bracelet électronique. Or, ce critère peut se révéler éliminatoire.

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On attend de l’UDC qu’elle se comporte comme le PS après sa réintégration dans le gouvernement en 1959. Si elle y est doublement représentée, c’est pour y défendre l’intérêt de l’Etat avant celui de son électorat. Le parlement a envoyé ce message clair à l’UDC lorsqu’il a brutalement refermé la parenthèse Blocher en 2007.

Thomas Aeschi doit encore apporter la preuve de son indépendance intellectuelle. Mais il semble un peu mieux armé que ses rivaux. Son dynamisme, son parcours, son expérience du monde, sa maîtrise des langues donnent le sentiment qu’il a les meilleures cartes en main.

Il a un avantage sur Guy Parmelin, jovial, sympathique mais un peu «juste» et trop profilé pour un unique département – l’Intérieur, qui n’est (a priori) pas à prendre. Il a un avantage sur Norman Gobbi, à propos duquel plusieurs questions ont surgi, sur son impulsivité, son sens des responsabilités, ses liens avec le clan Bignasca, fondateur de la Lega. L’élection du Tessinois aurait un côté aventureux.

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Faute d’autre candidature, faute de contre-scénario crédible en provenance du centre gauche, il faudra sans doute se résoudre à élire Thomas Aeschi. On pourrait paraphraser Christoph Blocher, qui, lorsqu’il a dû défendre la libre circulation des personnes au nom du Conseil fédéral en 2005, avait dit: «On devrait s’y risquer.»