Si la taille des objets était pensée en fonction non plus de leur usage, mais, par exemple, de leur valeur affective, du désir qu’ils suscitent ou de leur bilan carbone, nos intérieurs ressembleraient peut-être aux images que nous publions dans ce numéro: certains mangeraient tout l’espace d’une pièce, d’autres, perdant leur valeur d’usage, deviendraient seulement ornementaux, voire monumentaux. Comme dans un rêve, où les proportions, souvent, sont révélatrices du subconscient.

Quelle place donnons-nous aux objets dans nos vies, et quelle place y prennent-ils malgré nous? Dans le monde sans limites dont nous sommes les héritiers, on ne demande aux objets que de parler à nos yeux et à nos cœurs. La matière dont ils sont faits, le dispositif qu’ils composent, leur présence ou leur absence sont principalement symboliques. Qu’en sera-t-il demain, quand la finitude des ressources planétaires aura véritablement gagné les consciences? A quelle condition allons-nous faire entrer de nouveaux objets dans nos vies?

Dans ce numéro où l’on se questionne, entre autres, sur la forme, la valeur et la juste place des choses, l’architecte Philippe Rahm esquisse la fin de la déco, et le retour d’une architecture d’intérieur principalement utile: des rideaux pour l’isolation, des miroirs pour la lumière, du marbre pour garder le frais, de la laine pour le chaud… Un sens des formes et des matières qui pourrait bien être aussi celui de l’histoire.

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