C’est donc un petit séisme qu’a déclenché le plan S le 1er janvier. Au nom de l’open access, les chercheurs qui ont été financés par des membres de ce plan S, 17 agences publiques de recherche européenne et de grands donateurs privés, doivent rendre leurs travaux immédiatement disponibles en accès libre et gratuit. La science est un bien public qui doit devenir plus démocratique, exige le plan!
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Les revues, longtemps assises sur un tas d’or, ont vite trouvé la parade: auparavant les lecteurs payaient pour lire, désormais ce sont les auteurs (ou leurs institutions) qui paieront pour que leurs articles puissent être accessibles gratuitement. Il n’est pas si facile de faire évoluer un système bien ancré. Et pour cause. Si des revues comme The Lancet ou Nature peuvent facturer des articles plusieurs milliers d’euros, c’est que publier dans leurs colonnes reste un graal pour les chercheurs, dont la titularisation ou l’accès à des fonds sont liés à leur liste de publications. Les plateformes traditionnelles restent actuellement les plus attractives.
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Le Fonds national suisse, pour l’instant, observe, il soutient le plan S mais ne l’a pas rejoint, malgré plusieurs sollicitations. La Suisse a choisi une autre voie. Il faut reconnaître que le plan S, si vertueux dans son principe, pourrait receler quelques mauvaises surprises. Des frais d’open access excessifs pourraient ainsi favoriser les institutions riches aux dépens de celles moins argentées, sans que la qualité des articles proposés soit en cause.
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Le libre accès est une nécessité. Si la recherche sur le Covid-19 a avancé si vite depuis un an, c’est parce que, devant l’urgence, les revues ont exceptionnellement rendu gratuits tous leurs articles sur le nouveau coronavirus. L’immense succès du site pirate Sci-Hub qui met en ligne gratuitement et illégalement des articles payants montre aussi les attentes de la communauté scientifique. Qui doit payer pour l’accès à la science? Le plan S bouleverse l’écosystème mais n’apporte pas encore de réponses à toutes les questions.