Mais, une fois encore, la tâche paraît insurmontable. La nomination inédite il y a trois mois d’un directeur général en provenance d’Amérique latine avait pourtant suscité l’espoir de parvenir, enfin, à un sauvetage. Dans une tactique inclusive et transparente, mais a posteriori trop lente pour livrer à temps des travaux préparatoires aboutis, le Brésilien Roberto Azevêdo s’est vu contraint de passer la main aux capitales.
La balle étant dorénavant dans le camp politique, c’est aux ministres qu’il revient de trancher. En commençant par résoudre l’énigme indienne. Cette puissance désignée championne des démunis – et dont personne n’arrive encore à lire le jeu – semble s’adonner à un bluff malsain depuis le début du processus. Pour des motifs de sécurité alimentaire – dossier essentiel mais néanmoins dérogatoire puisque n’étant pas directement extrait de Doha –, dont personne ne voulait entendre parler il y a moins de dix semaines et qui ne faisaient au départ pas partie du programme de Bali.
Les cartes que New Delhi s’apprête à abattre en Indonésie menacent l’ensemble de ses partenaires. En particulier les pays les moins avancés, devenus otages de sa stratégie – par avidité, par pressions politiques domestiques, nul ne sait – de la terre brûlée. Accaparée par l’enjeu du moment, l’OMC n’a toujours pas eu le temps de dessiner les contours d’une feuille de route pour l’après-Bali.
Au vu des rumeurs d’échec entourant ce nouveau poker multilatéral, la situation déjà instable pourrait dégénérer en torture balinaise.