ÉDITORIAL. Le revenu disponible s’érode, pas seulement en raison de la poussée inflationniste actuelle. Dans une économie en bonne santé, c’est une anomalie qui doit être corrigée

Il faut négocier des hausses de salaires. En l’affirmant ce week-end, Guy Parmelin a un mérite, mais c’est peut-être le seul: celui d’attirer l’attention sur la perte de pouvoir d’achat que les Suisses subissent.
Avec la hausse des prix de l’énergie et de l’alimentation, elle est indéniable. La Suisse n’est pas face à une flambée comparable à celle de ses voisins européens, mais, à 2,9% au mois de mai, l’inflation est au plus haut en quatorze ans. Selon une étude récente de Caritas, le nombre de personnes se trouvant tout juste au-dessus du seuil de pauvreté n’est pas négligeable. Ces revenus souffrent particulièrement du renchérissement.
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En donnant la priorité aux partenaires sociaux pour négocier les hausses de salaires, Guy Parmelin s’offre le beau rôle de celui qui se préoccupe de nos portefeuilles mais il n’offre pas de solution à ces revenus les plus modestes. Ces derniers ne peuvent pas attendre d’hypothétiques revalorisations qui ne se traduiront en espèces sonnantes et trébuchantes qu’en 2023. Des aides ciblées de la Confédération ont donc du sens avant, et pas après les négociations salariales.
Erosion continue
Les négociations seront néanmoins cruciales pour tous les revenus. Le pouvoir d’achat s’érode depuis plus longtemps que la poussée inflationniste du moment. Si l’on en croit les statistiques de l’OFS, l’an dernier, les salaires réels – ce que l’on gagne une fois que l’on a tenu compte de l’inflation – ont reculé dans une proportion (-0,8%) qui ne s’était plus vue depuis le début des années 1980. Et ils avaient déjà baissé en 2017 et en 2018. D’autant plus que la Suisse réalise des gains de productivité qui ne sont que partiellement répercutés sur les salaires.
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Pour une économie dont on ne cesse de louer la résilience et la bonne santé, où le taux de chômage est comparativement faible, que les travailleurs doivent compter sur un revenu moindre est étonnant. C’est même une anomalie qu’il faut corriger. Tout en évitant un écueil: celui de glisser dans une spirale inflationniste où la hausse des salaires alimente aussi le renchérissement. La tâche est donc bien plus ardue que ne le prétend le ministre de l’Economie.
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