Recrutement, une ouverture d’esprit nécessaire
ÉDITORIAL. Alors que nombre d’entreprises se plaignent de ne pas parvenir à recruter, elles laissent dans le même temps certains profils, pourtant compétents, sur le carreau. Un paradoxe qu’il va falloir dépasser

Pénurie de personnel. Le mot est sur toutes les lèvres. C’est qu’en Suisse, le taux de chômage en février se situait au faible niveau de 2,1%. Il a diminué de 19 518 personnes (-16,5%) par rapport au mois correspondant de l’année précédente. Nombre d’entreprises se plaignent de ne pas parvenir à recruter: plus de 120 000 places de travail étaient vacantes en fin d’année 2022, un record.
En parallèle pourtant, certains peinent encore à trouver un emploi. Parfois parce que leur secteur n’est pas concerné par la pénurie et que les places y sont, au contraire, rares. Mais parfois aussi parce que les entreprises cherchent le mouton à cinq pattes. Au risque de laisser passer des personnes tout à fait compétentes, qui pourraient, même si elles ne cochent pas toutes les cases, devenir des collaborateurs engagés et fidèles.
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Les profils aux parcours moins linéaires sont à cet égard un bon exemple. Car s’il est de bon ton aujourd’hui de dire que les carrières très uniformes sont dépassées, dans les faits, les organisations mettent souvent de côté – via un recruteur ou une intelligence artificielle – les dossiers de candidates et de candidats dès lors qu’elles y perçoivent ce qui leur semble être un «trou» dans le CV, sans chercher à savoir à quoi il correspond.
Les compétences priment
Maternité ou paternité, réorientation, voyage, maladie, entrepreneuriat, chômage, les raisons qui expliquent une interruption de carrière peuvent être très diverses et ne signalent de loin pas toujours un problème de capacités. Mais pour l’envisager, il faut être prêt à dépasser certains stéréotypes et à contacter le candidat, voire à lui proposer une période d’essai. Sa motivation et son envie d’apprendre, dont il faut s’assurer, sont des facteurs clés.
La logique est la même pour les plus de 50 ans, mais aussi pour les réfugiés au bénéfice d’un permis adéquat: leurs dossiers, régulièrement mis de côté pour des raisons qui n’ont rien à voir avec leurs compétences, méritent d’être examinés avec autant d’attention que les autres.
Certaines entreprises s’accrochent à l’idée que la tendance s’inversera peut-être. Elles semblent prêtes à attendre des mois la personne idéale – quitte à mettre sous pression des équipes en manque d’effectifs – et à risquer de nouveaux départs, renforçant encore le problème. Et si vous repreniez ce dossier que vous venez de glisser sous la pile?
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