Tout ne s’était joué qu’à quelques milliers de voix. L’automne passé, le peuple avait consenti d’un cheveu à relever l’âge de la retraite des femmes de 64 à 65 ans, suivant la majorité de droite. Une victoire acquise dans la douleur. Tirant les enseignements, plusieurs politiciennes de droite avaient alors fait une promesse: améliorer la situation des personnes retraitées dans une autre réforme en cours, celle de la prévoyance professionnelle (LPP), deuxième pilier du système de rentes.

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Promesses pas vraiment tenues

Le but est loin d’être atteint. Actuellement en travaux au parlement, le chantier de la LPP fait l’objet de négociations serrées. De façon lancinante, une question revient: la situation des femmes va-t-elle être bonifiée? En l’état, la réponse est plutôt non. Certes, les Chambres agissent sur deux leviers: elles prévoient d’abaisser le seuil d’entrée et la déduction de coordination.

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Le premier levier fixe la hauteur du salaire à partir de laquelle on a le droit de cotiser pour se constituer une épargne vieillesse. Aujourd’hui, la barre est à 21 510 francs par an. Autant dire que nombre de temps partiels et de bas revenus sont exclus du système. Proportionnellement, les femmes en pâtissent davantage, même si évidemment beaucoup d’hommes partagent leurs soucis. Le parlement aimerait ramener ce seuil d’entrée entre (environ) 12 000 et 17 000 francs.

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Deuxième levier, la déduction de coordination, qui se hisse à 25 095 francs annuels: ce montant est déduit du salaire assuré et ne donne lieu à aucune cotisation, donc épargne. Les débats parlementaires oscillent pour l’instant entre quelque 12 000 francs et 15% du salaire.

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Un geste encore insuffisant

La majorité bourgeoise fait donc un geste. Mais celui-ci demeure clairement insuffisant. Pour vraiment renflouer les bas de laine des petits salaires, les seuils d’entrée et la déduction de coordination devraient baisser davantage, et idéalement passer à la trappe. Celui ou celle qui travaille doit pouvoir cotiser.

Ce changement aurait évidemment un coût, réparti paritairement entre employés et employeurs. Mais il permettrait de présenter la réforme sous un jour favorable, une réelle nécessité. En effet, la gauche mécontente menace de provoquer une votation populaire, le parlement se montrant pour l’instant bien moins généreux que le Conseil fédéral (et la plupart des partenaires sociaux) pour compenser la baisse du taux de conversion et des rentes visée dans le projet.

Si l’on vote, chacun le fera avec son porte-monnaie. Or la version provisoire des Chambres additionne de maigres compensations financières, d’une part, et de timides améliorations en faveur des bas revenus et des femmes, d’autre part. Un menu peu appétissant. «Moins par moins égale plus»? La règle vaut en mathématiques. Mais pas forcément pour les rentes vieillesse.

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