«De l’art de transformer une formidable opportunité d’union en foire d’empoigne.» Tel pourrait être le titre d’un essai rédigé par les organisateurs des salons horlogers attendus pour 2021. Depuis l’annonce de la mort de Baselworld par MCH Group début mai, les projets de rendez-vous se multiplient. Chaque organisateur tire à sa propre corde, sans qu’aucun terrain d’entente n’ait encore été trouvé pour rassembler la grande famille horlogère mise à mal par le Covid-19.

Dernier rebond dans cet épineux dossier: une lettre envoyée lundi par Swiss Creative Lab à la Commission de la concurrence. La société spécialisée dans l’événementiel souhaitait louer Palexpo début février prochain, mais sa demande a été refusée.

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Son directeur, Carlo Naldi, accuse les organisateurs du salon genevois Watches & Wonders, qui devrait se tenir en avril 2021, d’abuser de la clause d’exclusivité présente depuis trente ans dans leur contrat avec Palexpo SA. Selon lui, la Fondation de la haute horlogerie, détenue en partie par le groupe de luxe genevois Richemont, entrave la libre concurrence.

Il faudra plusieurs semaines pour que la Comco se prononce sur la question, pour autant qu’elle juge nécessaire d’ouvrir une procédure. De son côté, Swiss Creative Lab annonce que son salon devrait finalement se tenir, début avril, au Palais de Beaulieu à Lausanne.

Intérêts inconciliables

Loin d’être anecdotique, ce bras de fer témoigne de l’incapacité de l’industrie horlogère à faire front commun face aux défis que pose l’une des plus graves crises de son histoire. Depuis des mois, des patrons de marques, petites et grandes, appellent, sans être entendus, à la tenue d’un salon unique qui permettrait à chacun de présenter ses nouveautés et de relancer ses affaires, sans débauche budgétaire.

Chacun rêve évidemment de se trouver au plus proche de Watches & Wonders, qui sera allié l’an prochain à Rolex-Tudor, Patek Philippe, Chopard et Chanel. Mais la porte de Palexpo semble irrémédiablement bloquée, condamnant les prétendants recalés à se tourner de manière désordonnée vers d’autres organisateurs, que ce soit à Genève, Lausanne ou Bâle.

A un peu plus de trois mois de la fin de l’année, on ne sait toujours rien du format de ces futurs salons. Tout juste peut-on déplorer un manque flagrant de dialogue et une incapacité à travailler dans l’intérêt de l’ensemble de l’industrie. Au-delà des batailles d’ego, il en va aussi de la défense de milliers d’emplois.