Alain Berset et le Conseil fédéral sortent renforcés de la large acceptation de la loi covid. Rassurés, ils peuvent désormais agir au plus vite et mettre fin à la cacophonie des cantons. Comme lors du lancement de la vaccination, tous annoncent des mesures en ordre dispersé, ce qui contribue à l’incertitude et à l’incompréhension.

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Cantons et Confédération se renvoient pour l’heure la balle, mais Berne doit trancher et passer à l’action au plus vite, car la situation sanitaire ne cesse d’empirer. Le taux de patients covid aux soins intensifs a dépassé la limite critique des 25%. Les hôpitaux pourraient être prochainement saturés. «La situation est déjà critique, mais le nouveau variant Omicron pourrait l’aggraver», a annoncé l’un des responsables de l’Office fédéral de la santé publique. Des propos qui ont pour objectif de préparer la population à de nouvelles restrictions. D'ailleurs le Conseil fédéral tiendra une séance extraordinaire ce mardi après-midi au vu de l'évolution de la pandémie.

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Les décisions seront particulièrement difficiles à prendre, car le ras-le-bol et les tensions sont forts. La campagne sur la loi covid a prouvé que la Suisse était divisée, même si le résultat final est rassurant, d’autant que le taux de participation est le quatrième plus élevé de l’histoire suisse. Les citoyens se sont donc largement rendus aux urnes pour s’exprimer, ce qui est une noble et helvétique manière de régler les conflits. 

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La colère des vaccinés

Pour autant, les perdants ne doivent pas être stigmatisés. Surtout qu’un sondage de Tamedia montre des fractures bien réelles au sein de la société. Ainsi 56% des 18-34 ans auraient rejeté la loi. Le revenu et la formation jouent aussi un rôle, c’est ainsi que 51% des personnes n’ayant fait qu’un apprentissage ont glissé un non dans l’urne.

Ces données doivent être prises très au sérieux pour éviter notamment une rupture générationnelle et sociale. Toutefois, une autre catégorie de la population est trop souvent oubliée: les vaccinés. Et leur colère ne cesse de monter.

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La majorité des Suisses ont l’impression d’avoir fait tout juste en suivant les directives des autorités. Ils se réjouissaient des fêtes de fin d’année, et voilà que les mauvaises nouvelles se multiplient pour nombre d’entre eux. Les responsables sont vite désignés: les non-vaccinés.

Pour éviter une nouvelle escalade, le Conseil fédéral et les cantons doivent parler d’une même voix, avec clarté et cohérence. Et réfléchir déjà au rétablissement d’une confiance mutuelle. La Suisse, ce n’est pas un Palais fédéral barricadé le jour d’une votation populaire.


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