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A Washington, on justifie pourtant une décision qui pourrait être très lourde de conséquences. La Russie de Vladimir Poutine, qui détient quelque 2000 armes nucléaires tactiques, a toujours eu un avantage par rapport aux Etats-Unis, qui en déploient quelques centaines en Europe. Moscou modernise son arsenal et est accusé de violer le traité de 1987 sur les forces nucléaires à portée intermédiaire. Or, la nouvelle doctrine de Washington est de nature à relancer une course aux armes nucléaires que plusieurs présidents, après Reagan et avant Trump, ont cherché à éviter.
La volte-face de l’administration Trump intervient à un moment critique. Les puissances nucléaires s’éloignent de leur obligation de désarmer en vertu du traité de non-prolifération. La Corée du Nord voit dans la bombe le seul moyen de se faire respecter. Le Pakistan, avec une aide américaine bientôt réduite, est dangereusement instable. Et enfin, irrité par la volonté de l’administration Trump de saper pierre par pierre l’accord que Téhéran a conclu avec six autres puissances sur son programme nucléaire en 2015, l’Iran pourrait changer de cap et inspirer d’autres Etats du Moyen-Orient.
Il serait faux de croire qu’une telle course à l’atome puisse servir la dissuasion nucléaire. Au contexte de stabilité stratégique bipolaire de la Guerre froide a succédé une instabilité profonde et multipolaire. La marginalisation, voire la fin, des traités de contrôle des armements souhaitée par le président Trump et la possible multiplication du nombre des Etats détenteurs de la bombe constitueraient un cocktail explosif.
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Face au risque de conflagration nucléaire, l’espoir et la résistance doivent venir de la société civile. L’adoption, en juillet 2017 à l’ONU à New York, du premier traité sur l’interdiction des armes nucléaires sous la pression de la nobélisée Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN), dont le siège est à Genève, est un signe positif, bien qu’insuffisant. La mobilisation doit être massive et immédiate.