Ron DeSantis, la stratégie de la surenchère
ÉDITORIAL. En visant officiellement la Maison-Blanche, le gouverneur de Floride ne fait pas que dévoiler ses ambitions. Il démontre surtout qu’il est un pur produit d’un Parti républicain qui s’est radicalisé depuis l’accession de Donald Trump au pouvoir. A vouloir trop en faire, il pourrait s’affaiblir

Blanc bonnet et bonnet blanc? A peine Ron DeSantis a-t-il confirmé qu’il se lançait dans la course à la Maison-Blanche que le jeu des différences avec Donald Trump pouvait commencer. Même vision politique, mais manière de gouverner et style un brin différents? Qu’on ne s’y trompe pas: le gouverneur de Floride, à la tête du troisième Etat le plus peuplé des Etats-Unis, est bien un Donald Trump en miniature, le charisme en moins.
Engagé dans une «guerre culturelle» sur tous les fronts, il se targue de faire de la Floride le «tombeau du wokisme». Questions raciales, sexualité, armes: Ron DeSantis incarne une politique ultra-conservatrice, la censure portée en bandoulière. Les écoles sont son terrain de jeu favori. C’est aussi un adepte des coups d’éclat. Il a rapidement revendiqué la paternité de l’envoi de deux avions remplis de migrants vers Martha’s Vineyard, une île huppée dans le nord-est des Etats-Unis. Pour déstabiliser les démocrates.
Bien sûr, la course à l’investiture républicaine sera vive, sans concession. Une guerre des ego aura lieu. Les noms d’oiseaux pleuvront. Les slogans s’entrechoqueront. «Rendre sa grandeur à l’Amérique» d’un côté; «Transformer l’Amérique en Floride» de l’autre. Mais l’enjeu est ailleurs. La candidature de Ron DeSantis est surtout révélatrice de la droitisation du Parti républicain, inféodé à Donald Trump. Un parti qui n’a toujours pas retrouvé sa boussole morale.
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Malgré les casseroles judiciaires accumulées, malgré sa récente inculpation à New York, ses outrances et son esprit revanchard, Donald Trump reste pour l’heure le grand favori. L’aura de Ron DeSantis est en train de prendre l’eau. Sa récente bourde sur l’Ukraine y est pour quelque chose. Le Floridien était pourtant jusqu’ici perçu comme le seul capable chez les républicains de faire vaciller Donald Trump, surtout depuis sa réélection triomphale à la tête de la Floride. Mais le site de référence FiveThirtyEight a fait le calcul: les récents sondages donnent l’ex-président favori à 53,5%. Le gouverneur doit se contenter d’un faible 20,8%.
Deux choix s’offrent désormais à lui: tenter de s’affranchir du «père» – une stratégie qui fait peu recette ces jours chez les républicains – et proposer une véritable alternative, ou singer à l’excès Donald Trump, indéniable machine électorale. C’est pour l’instant ce que s’attelle à faire Ron DeSantis, en cherchant même à le dépasser. A se montrer plus trumpiste que Trump. Un excès de zèle qui pourrait bien finir par lui nuire. Et faire passer Donald Trump pour un enfant de chœur.
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