Du sang pas si neuf chez Swatch Group
ÉDITORIAL. Il faudra encore attendre pour voir une véritable révolution chez Swatch Group. Les nombreux changements à la tête du groupe ne laissent que peu de place à la diversité de genres et d’horizons

En nommant mercredi l’ancien patron de Credit Suisse Tidjane Thiam et l’actrice britannique Emma Watson au sein de son conseil d’administration, le groupe de luxe français Kering a créé la surprise. Il montre ainsi qu’il est possible de s’entourer de personnes extérieures à l’industrie, tout en faisant preuve de diversité. D’aucuns y verront aussi, certainement à raison, une opération destinée à améliorer l’image du groupe.
La comparaison a certes ses limites. Mais le timing rapproché avec l’annonce, jeudi, d’un remaniement inédit des organes de direction de Swatch Group permet de prendre la mesure du degré de conservatisme dont fait preuve le numéro un de l’horlogerie.
Opérer un grand brassage interne sur fond de rajeunissement lui permet d’apporter de nouvelles impulsions à ses marques tout en garantissant une certaine stabilité. Mais se cantonner au jeu des chaises musicales ne suffira sans doute pas à révolutionner une entité qui a urgemment besoin de repenser un modèle de gouvernance vieux de 40 ans.
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Innover à tous les niveaux
Si ces changements d’affectations internes sont globalement perçus comme positifs, ils soulèvent des interrogations. Où sont les femmes? Où sont les externes? Où sont les talents internationaux à même d’accompagner une transition numérique devenue indispensable? Où sont les stratèges capables de relancer une entrée de gamme menacée?
L’occasion était pourtant belle de proposer une nouvelle recette et de sortir de l’immobilisme si souvent reproché à l’horlogerie helvétique. Le groupe peut certes encore compter sur des marques fortes comme Omega et Longines, mais il doit plus que jamais défendre la position de Tissot face à Apple, tandis que Swatch ne retrouvera jamais les volumes de ventes des décennies précédentes.
Swatch Group ne surprend pas, ou plutôt ne surprend plus. Sans appeler un improbable casting hollywoodien, il serait intéressant d’observer plus d’audace de la part de l’entreprise et, comme Kering, de son conseil d’administration. Le groupe biennois pourrait ainsi démontrer que l’innovation et la créativité que l’horlogerie suisse aime tant mettre en avant ne sont pas réservées au développement de nouveaux produits, mais peuvent aussi s’appliquer à sa gouvernance.
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