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Les scandales de trop

Les scandales Petrobras et 1MDB n’auraient jamais dû être associés à la place financière suisse. Dans l’affaire Petrobras, les banques suisses se sont vraisemblablement rendues coupables d’un laxisme inexcusable. Des lois anti-blanchiment existent, elles doivent être appliquées

Dans l’affaire Petrobras, les banques suisses se sont vraisemblablement rendues coupables d’un laxisme inexcusable. Au pire, elles sont complices d’aide au blanchiment d’argent. (Crédit photo: Reuters) — © Paulo Whitaker / Reuters
Dans l’affaire Petrobras, les banques suisses se sont vraisemblablement rendues coupables d’un laxisme inexcusable. Au pire, elles sont complices d’aide au blanchiment d’argent. (Crédit photo: Reuters) — © Paulo Whitaker / Reuters

L’excellence dont aiment à se targuer les banques suisses ne doit pas se cantonner à la seule gestion de fortune et au conseil. Elle doit aussi leur permettre d’identifier les risques que représentent certains clients. Et ne pas les accepter pour la seule raison qu’ils ont les poches bien remplies.

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Les scandales Petrobras et 1MDB, deux noms qui n’auraient jamais dû faire les gros titres de ce côté-ci de la planète, sont là pour le rappeler. La place financière suisse, qui se présente parfois comme la meilleure élève dans la lutte contre le blanchiment d’argent, n’en est pas encore là.

Les banques elles-mêmes ne sont pas dupes. Elles savent qu’il en va de leur réputation et, par conséquent, de leurs succès futurs. Et tentent pour leur défense de minimiser leur rôle ou de se disculper en invoquant l’ancienneté de ces affaires. Pourtant les faits dont il est question remontent à 2013, voire même à 2015. Mais surtout, les banques incriminées occultent la gravité du crime, car il ne s’agit pas d’évasion fiscale mais de corruption, qui plus est, à grande échelle.

Dans l’affaire Petrobras, les banques suisses se sont vraisemblablement rendues coupables d’un laxisme inexcusable. Au pire, elles sont complices d’aide au blanchiment d’argent. Elles assurent cependant qu’elles ont fait leur travail et dénoncé leurs clients quand cela était nécessaire. C’est en partie vrai; pour preuve: le Bureau fédéral en charge de récolter leurs soupçons n’a jamais eu autant de travail qu’avec cette affaire. Toutefois, les dénonciations et les aveux n’ont été faits qu’à la suite de la publication d’articles de presse qui ne permettaient plus de nier l’évidence.

La sincérité après coup ne donne en aucun cas un blanc-seing aux banquiers. Des lois anti-blanchiment existent, il faut les appliquer et ne pas se contenter de dissoudre un établissement (BSI) qui, de toute manière, avait déjà été racheté.

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Le gendarme financier enquête sur une dizaine de banques dans le cadre de ces deux affaires et pourrait s’intéresser à d’autres très prochainement. Quant à la justice suisse, elle assure qu’elle analysera avec la plus grande attention le rôle des banques une fois qu’elle aura terminé d’éplucher des millions de documents saisis auprès d’une quarantaine d’entre elles.

Tout cela est réjouissant. Il ne reste plus qu’à espérer que les autorités feront preuve d’une certaine sévérité, car la place financière ne peut plus se permettre d’enchaîner ainsi les scandales. D’autant qu’on ne peut guère les minimiser en évoquant des actes isolés.