Editorial
ÉDITORIAL. Reflet de la diversité helvétique, le camp fédéral scout met en lumière une jeunesse soudée par des valeurs universelles. Et démontre que dans un monde déchiré par les crises la force vient plus que jamais de l’union

Partir de trois bouts de ficelle et construire six ans plus tard une ville éphémère de 30 000 habitants. Avec leur camp fédéral organisé dans la vallée de Conches (VS), les scouts de Suisse ont réalisé un véritable tour de force. Ils nous donnent un formidable exemple des accomplissements que permettent la créativité, l’union et le partage, alors que le monde est déchiré par des crises successives, propices aux replis identitaires et à la méfiance envers l’autre. Ce grand rassemblement – qui a lieu tous les quatorze ans – ne pouvait pas mieux tomber.
Issus d’une génération si souvent pointée du doigt pour son individualisme et son obsession des écrans, ces jeunes démontrent qu’au contraire ils ont soif de rencontres, d’échanges, d’entraide, d’apprentissage, de transmission. Sous leurs tentes, ils se contentent du minimum pour retrouver l’essentiel et font de leur mieux pour suivre le conseil donné par leur fondateur, Baden-Powell: «Essayez de laisser le monde un peu meilleur que vous ne l’avez trouvé.»
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Des valeurs universelles
Non, le scoutisme n’est pas ce mouvement ringard où l’on ne fait que chanter faux autour d’un feu. C’est une école de vie – tant pis pour le cliché – qui prend ses racines dans des valeurs universelles partagées par l’ensemble de ses membres. Elles se retrouvent dans le salut scout. Le pouce replié sur l’auriculaire montre la protection du plus faible par le plus fort. Les trois autres doigts levés symbolisent la recherche du sens de la vie, la responsabilité vis-à-vis des autres et une réflexion permanente sur soi-même.
«Sans les scouts, je ne serais certainement pas la même personne aujourd’hui», nous ont confié de nombreux responsables alors que nous arpentions le terrain du camp. Depuis tout petits, ceux qui les ont précédés leur ont donné confiance en leurs capacités, en les poussant à se dépasser. Puis est venu leur tour d’encadrer des plus jeunes, en les laissant parfois reproduire leurs erreurs d’un œil amusé. Car c’est aussi par l’échec que l’on grandit.
La Suisse doit plonger son regard dans le miroir que lui tend le camp fédéral. Avec ses 30 000 jeunes venus de tout le pays, il reflète notre société dans toute sa diversité. Qu’ils soient urbains ou campagnards, apprentis ou étudiants, de nationalité suisse ou étrangère, affiliés à une religion ou non, tous travaillent ensemble pour que cette expérience soit une réussite et une source de souvenirs impérissables.
Dans le camp, les responsables suisses ont presque tous moins de 25 ans. Une encadrante venue de Grande-Bretagne s’en est étonnée: «Chez nous, l’âge oscille entre 30 et 80 ans. Nous avons tout de même une plus grande expérience de vie à transmettre!» L’ancien scout qui rédige ces lignes ne partage pas son point de vue. Ces jeunes se débrouillent très bien sans nos leçons. Nous avons en revanche beaucoup à apprendre d’eux.
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