On avait enterré le charbon un peu trop vite. Car ce combustible, gros émetteur de gaz à effet de serre, était désigné comme un des grands coupables du réchauffement climatique. Et pourtant, il incarne aussi la principale, voire l’unique source d’énergie aux quatre coins de la planète.

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C’est dans les années 1880 que Thomas Edison a inauguré à Londres la première centrale à charbon pour générer de l’électricité. Depuis, cette source d’énergie a favorisé le développement industriel de beaucoup de pays. On a pourtant voulu bannir le charbon sans s’assurer que les sources alternatives d’énergie étaient suffisamment accessibles pour faire tourner usines, bureaux et ménages.

A ce jour, environ 8500 centrales à charbon sont en activité sur la Terre. Elles génèrent un tiers de la production mondiale d’électricité. En Chine, en Inde ou encore en Indonésie, 60% du courant en est issu. Dans les pays industrialisés, sa consommation a atteint un pic en 2007. Il représente néanmoins encore 20% de leur mix énergétique.

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Mais la guerre en Ukraine et la crise énergétique qui s’est ensuivie ont inversé la tendance: quel retournement de situation! La consommation mondiale du charbon a donc atteint un nouveau record en 2022. Selon l’Agence internationale de l’énergie, la demande globale devrait se maintenir à ce niveau jusqu’en 2025.

Il n’y a toutefois pas de quoi s’offusquer. Au contraire, cette situation offre une occasion en or d’accélérer la recherche et développement d’un charbon propre, c’est-à-dire qui fournisse du courant sans émettre de poison dans l’air.

Le clean coal n’est pas un concept nouveau. Des laboratoires y travaillent depuis des années et quelques expériences se sont révélées concluantes. A l’instar de la société américaine Great Point Energy, qui a développé un procédé dit «Bluegas», lui permettant de transformer le charbon en gaz. En Suède, Alfa Laval travaille aussi sur une technique qui sépare le soufre et le carbone du charbon.

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Mais l’offre abondante, à bas prix, du pétrole et du gaz – et la demande stagnante d’électricité dans un grand nombre de pays – a découragé les investisseurs ces dernières années. La nouvelle donne devrait maintenant les inviter à se tourner vers ce charbon dédiabolisé, que l’on pourrait rendre plus écologique.


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