Les tragédies humaines en disent souvent long sur les Etats. Celle-ci, quel que soit son bilan, nous rappelle une vérité simple: au cœur du très prospère continent asiatique, adossé à la Chine lancée à pleine vitesse sur les rails de la croissance, en face d'une démocratie sud-coréenne consolidée, gît un pays ermite, dirigé par un «cher leader» Kim Jong-il divinisé par une propagande d'un autre âge. Un trou noir d'autant plus dangereux qu'il continue de s'enfoncer. Inexorablement.
Silence de mort à Pyongyang
Que s'est-il vraiment passé en Corée du Nord? L'annonce, en fin d'après
Que s'est-il vraiment passé en Corée du Nord? L'annonce, en fin d'après-midi jeudi, d'une collision de deux trains bourrés d'hydrocarbures à Ryongchon, à la frontière avec la Chine, et le premier chiffre évoqué de 3000 morts et blessés reposent la question des ténèbres nord-coréennes. Imaginez: tout un secteur urbain est «transformé en ruines, comme s'il avait subi un bombardement massif», affirme l'agence sud-coréenne Yonhap. Et puis rien: aucun secours international dépêché à la hâte, aucune déclaration officielle des autorités de Pyongyang, aucun appel de solidarité émanant des pays voisins de ce dernier refuge du stalinisme figé dans la guerre froide.
A l'heure où vous lirez ces lignes, d'autres informations auront sans doute infirmé ou aggravé ce bilan. Des images – peut-être – auront franchi la seule frontière que le régime communiste nord-coréen ne ferme pas hermétiquement. Peut-être, car rien n'est sûr en Corée du Nord, sinon l'obscurité et le secret qui cachent la misère crasse et moyenâgeuse, les rails défectueux, les gares squattées par les enfants mendiants, les hivers sans chauffage, les ventres creux. Ironie du sort, les trains qui ont provoqué l'enfer hier étaient chargés de ce pétrole et de ce gaz si convoités dans un pays dépourvu d'électricité. Un pays qui brandit à la face du monde sa menace nucléaire comme une ultime défense. Un pays aux abois, de nouveau condamné, cette année, par la Commission des droits de l'homme de l'ONU qui achève ses débats aujourd'hui à Genève.