La classe et l’intelligence résument parfaitement Simonetta Sommaruga. La conseillère fédérale quitte son mandat par la grande porte, même si ce n’était pas le scénario imaginé. La socialiste bernoise aurait voulu poursuivre son mandat, continuer à gérer la crise énergétique, finaliser une nouvelle mouture de la loi sur le CO2.

Avec humanité et humilité, elle arrête en raison de l’état de santé de son conjoint, lequel a subi un AVC il y a deux semaines. Cette annonce surprise illustre parfaitement la femme qu’elle est: à la fois stricte et rigoureuse, mais aussi profondément humaine. Courageusement, elle a privilégié sa vie privée au détriment de la fin de sa carrière.

Retrouvez notre suivi de l’après-midi de son annonce.

Un bilan mitigé

Quant à son bilan politique, il est, lui, plutôt mitigé. Certes, elle a insisté sur le fait qu’elle a siégé durant douze ans dans un gouvernement où elle était minoritaire. Mais cette membre de l’aile centriste du PS a essuyé deux des plus grands échecs gouvernementaux de ces dernières décennies: l’acceptation de l’initiative contre l’immigration de masse et la loi sur le CO2. Sans compter des problèmes à répétition du côté des CFF et des critiques toujours plus vives contre la SSR. Du côté des réussites, il y a notamment la grande réforme de l’asile, qui s’est faite sans psychodrame, la modernisation du droit de la famille ou encore l’égalité salariale.

Présidente de la Confédération à deux reprises, elle a fortement marqué les esprits lorsqu’elle s’était rendue sur la ligne de front qui divisait le Donbass. De manière bien plus légère, elle avait donné une autre image d’elle en souhaitant une bonne année aux Suissesses et aux Suisses depuis la boulangerie de son quartier.

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Un retrait qui arrange le PS

Ce retrait, même s’il n’était pas prévu si vite, arrange grandement les affaires des socialistes. De fait, de nombreux camarades du parti espéraient qu’elle se retire avant les prochaines élections fédérales. Ce départ renforce les chances du PS de conserver ses deux sièges quels que soient les résultats de 2023. Le risque que le parlement ne réélise pas un sortant demeure mince. La successeure pourrait bien être la Bâloise Eva Herzog, elle aussi membre de l’aile centriste du PS et qui, comme Simonetta Sommaruga avant son élection au Conseil fédéral, est conseillère aux Etats.

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