Le sombre avenir du centre
Editorial
Les partis du centre sont en crise. Dans un paysage bipolaire, ni le PBD ni le PDC ne peuvent se satisfaire d’opérer la synthèse des idées. Il leur manque un profil clair

Le centre, «une variété molle de la droite», selon Mitterrand. L’immobilisme selon les traités de mécanique, puisque si la roue avance le centre ne tourne que sur lui-même. Quelle que soit la définition que l’on recherche du centre politique, les appréciations ne sont guère élogieuses.
Les prévisions sur son avenir dans le paysage helvétique ne sont guère plus optimistes. Le recul aux élections fédérales des droits partis du centre droit, PDC, PBD et Parti vert' libéral, alimente beaucoup les chroniques depuis quinze jours. Avec cette interrogation: le système helvétique de concordance pourrait-il dans une décennie glisser vers un parlementarisme majorité-opposition, une alliance de droite UDC-PLR avec pour seule contradiction une gauche socialo-écolo?
Certains, comme le président du PDC Christophe Darbellay ou l’ancien conseiller fédéral Samuel Schmid ne craignent pas de l’évoquer. Laminé, le centre politique risque fort de perdre son rôle de pivot et de tomber dans l’insignifiance.
Lire : Et à la fin, c’est toujours le PDC qui gagne en Valais
Pour deux raisons: les circonstances du moment et l’évolution des idées. Les circonstances du moment, c’est d’abord le départ de la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf à laquelle le PBD est intimement lié. Bien qu’une frange grisonne et bernoise de l’UDC se soit longtemps sentie violentée par le discours autoritaire de Christoph Blocher, elle n’aurait jamais fait sécession sans l’excommunication de la conseillère fédérale grisonne en 2008.
Autre circonstance, le départ prochain du funambule Christophe Darbellay, à qui le PDC doit encore son unité. Son probable remplacement par un homme clairement proche de l’UDC signerait la fin de son rôle pivot. Donc de son utilité.
Plus profondément, l’évolution des grands courants d’idées, la tendance à la simplification dans un monde médiatique manichéen, bien contre mal, noir ou blanc, branché ou ringard, globalisation ou nationalisme, renvoie le centre dans les limbes. Tant que le capitalisme existera, sa critique justifiera l’existence d’une gauche; tant que l’État tendra à se renforcer, il légitimera le libéralisme; tant la globalisation se généralisera, elle produira du repli ou du nationalisme; tant que l’état de la planète se dégradera, l’écologie politique trouvera une raison d’exister.
Entre ces grands courants historiques, le rôle politique du centre peut-il se justifier uniquement par son rôle de synthèse, sans profil propre? De plus, dans une société laïcisée, un PDC impuissant à proposer une politique des valeurs n’a que peu d’issues.
Le Temps publie des chroniques et des tribunes – ces dernières sont proposées à des personnalités ou sollicitées par elles. Qu’elles soient écrites par des membres de sa rédaction s’exprimant en leur nom propre ou par des personnes extérieures, ces opinions reflètent le point de vue de leurs autrices et auteurs. Elles ne représentent nullement la position du titre.