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Funeste inventaire
Quatorze ans plus tard, la citation résonne autrement, et elle fait mal aux oreilles. La «souffrance climatique» s’est invitée à dîner en pleine pandémie, et sans mettre de masque. Les événements météorologiques extrêmes se succèdent, les morts aussi. Trois cents en Chine, 190 en Allemagne, 41 en Belgique, 35 au Niger, 60 en Afghanistan, 230 en Inde: tel est le bilan non exhaustif et très provisoire des décès à imputer aux pluies diluviennes de cet été, pluies qui n’auraient vraisemblablement pas eu lieu dans de telles proportions sans intervention humaine.
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Des vagues de chaleur mortelles entraînent des incendies catastrophiques en Turquie, en Grèce, en Californie et au Canada, dans un bilan restant à établir et qui a déjà vu des villages entiers rayés de la carte. Et ce funeste inventaire ne saurait rendre compte du nombre de vies brisées à cause de l’inaction climatique. La souffrance est là et plus personne n’y échappe.
A ce titre, le nouveau rapport du GIEC paru le 9 août marquera peut-être un tournant. Pour beaucoup, les rapports élaborés par les scientifiques évoquaient jusqu’ici le futur, un avenir lointain assorti de probabilités et de marges d’erreur. Leurs travaux, aujourd’hui rattrapés par l’actualité, se conjuguent désormais au présent.
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Cette souffrance, cependant, ne doit pas nous tétaniser. Comme le disait si justement John Holdren, il suffit de placer le curseur du côté de la mitigation pour minimiser le dérèglement climatique et ses effets. Le rapport le confirme: des mesures prises immédiatement peuvent encore limiter le réchauffement, faute de l’empêcher. Les gouvernants en auront-ils le courage? C’est avec ces nouvelles données en tête qu’ils se rendront en tout cas dans trois mois à la Conférence de Glasgow de 2021 sur les changements climatiques (COP26). Ils n’auront plus aucune excuse.