Mais surtout, ces fuites (dont l’origine et l’objectif restent inconnus) sont de nature à gêner aux entournures les alliés des Etats-Unis. Un exemple: la Corée du Sud partage avec la Suisse la particularité de ne pas exporter de matériel militaire à des pays en guerre. Voilà son débat national et les pressions américaines exercées sur Séoul exhibés sur la place publique…
Devenir des «suivistes»
A cette gêne qui embarrasse désormais le camp occidental, Emmanuel Macron vient d’en ajouter une seconde. Rentrant de Chine, il a évoqué le risque pour les Européens de devenir des «suivistes» derrière des Etats-Unis qui, selon lui, donnent «le rythme» de l’emballement. «L’Europe, disait-il encore, ne doit pas être prise dans des crises qui ne sont pas les [siennes].»
Certes, le président français parlait d’une éventuelle guerre entre la Chine et Taïwan, et non de l’Ukraine. Mais, après sa réplique de l’année dernière sur la nécessité d’éviter une «humiliation de la Russie», ces remarques ont toutes les chances de brouiller encore le message. Les forces chinoises autour de Taïwan ne représentent-elles pas une menace qui concerne la France? Les deux crises, ukrainienne et taïwanaise, n’ont-elles donc aucun lien, alors que la Russie et la Chine ne cessent de resserrer ostensiblement les rangs?
Emmanuel Macron est d’autant plus difficile à suivre que ce sont bien les carences militaires ukrainiennes que viennent de mettre en lumière les «fuites du Pentagone». Avec quelque 100 milliards d’aide accordés à l’Ukraine depuis le début de l’invasion russe, ce sont bien les Etats-Unis qui donnent ici «le rythme». La France, face à cette «crise» qui se déroule en Europe, offrira-t-elle par conséquent davantage de missiles antiaériens à Kiev?