La Suisse est forte, osons l’audace d’y croire

Côté pile, nous sommes dépendants de l’étranger pour à peu près tout, nos relations avec l’Europe sont au point mort, notre économie souffre d’une pénurie de main-d’œuvre et l’inflation va toucher de plein fouet une partie importante de notre population. Notre Conseil fédéral nous recommande de mettre des couvercles sur les casseroles, mais est incapable de donner à Bruxelles une vision claire de notre stratégie européenne et s’emmêle les pinceaux dans la redéfinition de la neutralité. Nous sommes en retard sur le plan numérique et à la merci des cybercriminels en tout genre. Que ce soit au niveau des administrations ou des entreprises, des centaines d’institutions ont été frappées par des attaques via ransomware ces derniers mois. Le multilatéralisme est en danger et la Suisse, nain politique dans le grand chaos des nations, en a terriblement besoin.

Côté face: pour la première fois, la Suisse est considérée comme le pays le plus développé au monde par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), en vertu de son classement annuel. Elle est riche, très éduquée et sa population vit longtemps, dans un cadre de vie qualitatif. Notre système politique est un des plus démocratiques de la planète, nos entreprises résistent plutôt bien à la désindustrialisation, commercent avec le reste du monde et créent de la valeur. Le taux de chômage s’inscrit à des niveaux à faire pâlir d’envie la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Nos sportives sont championnes du monde dans les disciplines reines de l’athlétisme, et nos humoristes font rire Paris. Et la Genève internationale demeure la meilleure manière de rester acteur de ce multilatéralisme dont nous dépendons tant.

Aujourd’hui, nous avons l’audace de croire qu’il est possible de gagner et d’innover, en habitant en Suisse, ce petit pays de 8 millions d’habitants.

Voir aussi notre dossier: Forum des 100, édition 2022: la Suisse et le monde

Un contexte effrayant

Qu’en pensent les Suisses? Le sondage que nous publions aujourd’hui révèle des fractures importantes entre les «leaders» et la population. Celle-ci pense avant tout à sa santé et ses assurances maladie, alors que les dirigeants s’inquiètent d’abord de l’approvisionnement énergétique. Nos relations avec l’Europe n’intéressent que peu les citoyens, compréhensifs à l’égard du Conseil fédéral, contrairement aux dirigeants, inquiets des conséquences de notre isolement et critiques face au gouvernement.

L’actualité ne cesse de nous rappeler un contexte mondial effrayant, mais nous sommes, en Suisse, plutôt bien armés pour y faire face. La qualité et l’engagement des 100 personnalités romandes que nous accueillons aujourd’hui à Lausanne le démontrent. Elles nous encouragent à être critiques, à débattre, mais à prendre un pari optimiste. Et vous, quel côté de la pièce regardez-vous?

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