Caran d’Ache au pied du Salève, Victorinox en Suisse centrale ou les Chocolats Camille Bloch dans une petite vallée jurassienne. Trois entreprises suisses de taille moyenne qui vous sont probablement familières. Mais qu’en est-il de Willemin-Macodel dans le Jura, de Jean Gallay à Genève ou d’ELCA dans le canton de Vaud?

Toutes ces pépites font partie des innombrables «champions cachés» dont l’économie suisse regorge. C’est ainsi que Credit Suisse a désigné en 2015, dans une étude, ces PME qui excellent dans leur domaine, souvent en toute discrétion. A cette époque, dans des secteurs aussi variés que l’horlogerie, la machine-outil ou la précision, une PME industrielle suisse sur 11 était désignée comme leader mondial sur son marché.

La construction dans l’adversité

Pourtant, depuis la crise financière de 2008, ces rouages essentiels de l’économie – en 2020, les PME étaient à l’origine des deux tiers des emplois dans le pays – ont été relégués dans l’ombre des médiatisées et remuantes start-up. Calquées sur le modèle californien de Google, Tesla..., ces jeunes pousses technologiques font rêver la Suisse, lui faisant miroiter de nombreuses révolutions dans un monde en profonde mutation numérique. Pour beaucoup d’entre elles, ces promesses sont à confirmer, tant le passage du garage à l’entreprise établie, du prototype au produit, du marché suisse à l’international, reste difficile.

Pendant ce temps, Sylvac, Mecaplast, Sonceboz SA... ont continué à œuvrer loin des projecteurs. Après avoir surmonté la récession mondiale de 2009, les milliers de PME exportatrices du pays ont affronté le choc du franc fort qu’elles ont bravé avec, il est vrai, un coup de pouce bienvenu de la BNS.

Le défi du changement générationnel

A quel point cette adversité a-t-elle renforcé leur agilité? Nulle étude n’est vraiment en mesure de le cerner. Toujours est-il que ces abeilles ouvrières du PIB suisse ont de nouveau forcé l’admiration lorsque la pandémie de covid, avec son lot de mesures sanitaires et de goulets d’étranglement, s’est abattue sur elles. Près de trois ans plus tard, elles composent avec des coûts énergétiques qui explosent et des marchés qui se referment.

Une proximité extrême avec la clientèle et des modèles d’affaires axés sur la rentabilité immédiate expliquent un succès que les investisseurs externes commencent à convoiter, s’invitant de plus en plus dans le capital de ces entreprises souvent familiales. Car au-delà des graves problèmes de recrutement que bon nombre d’entre elles rencontrent, c’est bien la transmission générationnelle qui va représenter leur prochain grand défi. Qui sait? Peut-être puiseront-elles pour ce faire dans le vivier des jeunes startupers qui, à défaut de décrocher la lune, auront acquis une précieuse expérience entrepreneuriale.

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