«Je vous demande de faire tout votre possible pour soutenir Tom Perez. Nous ne pouvons pas nous permettre de quitter cette pièce divisés.» Cette phrase, Keith Ellison, candidat à la présidence du parti démocrate américain, l’a prononcée samedi, après avoir raté son élection. Elle résume parfaitement la situation: depuis la cuisante défaite à la présidentielle, le parti est aux abois, déchiré, en pleine crise de confiance. Il doit plus que jamais resserrer les rangs.

L’enjeu est important: le parti espère renverser la vapeur aux élections de mi-mandat, en 2018, et à la présidentielle de 2020. Tom Perez, le nouveau leader des démocrates, ancien secrétaire au Travail de Barack Obama, va devoir, même si son pouvoir est limité, prendre le gouvernail du bateau par temps de tempête.

Lire aussi:  Elizabeth Warren, fière Pocahontas démocrate

Perte d’influence partout

La tâche est lourde. Donald Trump détricote tout l’héritage Obama, le Congrès est sous total contrôle républicain, et les démocrates n’ont plus que 16 gouverneurs sur 50. Au Sénat, les démocrates ont recouru à tous les stratagèmes pour retarder les confirmations de nominations de ministres. A défaut de pouvoir les bloquer, ils ont ralenti le processus. C’est leur seule arme. Ils perdent aussi de leur influence à la Cour suprême, désormais composée de cinq juges conservateurs et de quatre juges progressistes, si la nomination de Neil Gorsusch est confirmée le 20 mars prochain.

Les démocrates guettent chaque fissure dans la forteresse Trump. Avec l’espoir que le président finisse, avec tous ses excès, par se saboter lui-même. Certains, à l’image de Keith Ellison, évoquent l’idée de lancer une procédure de destitution («impeachment»). Le discours très attendu, le 28 février, de Donald Trump devant le Congrès permettra, sans doute, de clarifier certaines positions.

Regagner la confiance

Mais l’heure doit encore être à l’autocritique. S’ériger en rempart contre les contre-vérités et propositions chocs de l’administration Trump est nécessaire; certaines figures, à l’image de la sénatrice Elizabeth Warren, le font avec détermination. Le parti aurait toutefois tort de concentrer toute son énergie à son opposition à Donald Trump. Pour être plus fort, il doit d’abord neutraliser ses divisions internes, et surtout regagner la confiance des classes moyenne et ouvrière, qui se sont senties abandonnées, fautes de propositions économiques solides. Cela passe par une campagne de proximité, pour se reconnecter avec les préoccupations des Américains moyens.

En choisissant Tom Perez contre Keith Ellison, le parti, malgré la pression de la base, a résisté à la tentation d’un virage à gauche. Il doit désormais rapidement retrouver unité et crédibilité.

Le Temps publie des chroniques et des tribunes – ces dernières sont proposées à des personnalités ou sollicitées par elles. Qu’elles soient écrites par des membres de sa rédaction s’exprimant en leur nom propre ou par des personnes extérieures, ces opinions reflètent le point de vue de leurs autrices et auteurs. Elles ne représentent nullement la position du titre.