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Mon syndic, ce héros

ÉDITORIAL. La commune et ses politiciens de milice restent des maillons essentiels de la démocratie suisse. Mais ils deviendront vite obsolètes s’ils n’évoluent pas

Les habitants des zones urbaines n’en sont peut-être pas conscients, mais une bonne partie de leurs concitoyens sont encore gouvernés à l’ancienne: par des élus de milice payés au lance-pierre, qui se dévouent à raison de centaines d’heures par an. — © DR
Les habitants des zones urbaines n’en sont peut-être pas conscients, mais une bonne partie de leurs concitoyens sont encore gouvernés à l’ancienne: par des élus de milice payés au lance-pierre, qui se dévouent à raison de centaines d’heures par an. — © DR

Les habitants des zones urbaines n’en sont peut-être pas conscients, mais une bonne partie de leurs concitoyens sont encore gouvernés à l’ancienne: par des élus de milice payés au lance-pierre, qui se dévouent à raison de centaines d’heures par an pour administrer la majorité des 2222 communes suisses.

Lire aussi:  Un tsunami de démissions mine les petites communes romandes

Ces responsables communaux sont les héros méconnus de la démocratie directe helvétique. Les syndics et syndiques, en particulier, exercent leurs lourdes fonctions dans une indifférence quasi générale. Leur engagement permet de gérer à moindre coût les petites collectivités publiques. Et de répondre en direct aux besoins, souhaits et frustrations de la population dans les zones rurales ou semi-rurales. Ils constituent des relais essentiels de la confiance entre les citoyens et l’Etat.

Image médiocre

Mais leur travail devient de plus en plus difficile. Les chiffres que nous publions aujourd’hui montrent qu’en cinq ans, durée d’une législature, entre un quart et un cinquième des membres d’exécutifs communaux dans les cantons de Vaud et de Fribourg auront démissionné.

Surchargés professionnellement, noyés sous une avalanche de normes cantonales ou fédérales, ils souffrent des bisbilles toxiques qui empoisonnent les municipalités dont les élus ne s’entendent pas. L’image médiocre que renvoie la politique communale n’aide pas. Il est infiniment difficile d’intéresser les «rurbains» et les jeunes aux petits problèmes pratiques qui font la trame de la gestion locale.

Perte de pouvoir

Les communes suisses ne sont pas parfaites. Leur myopie en matière d’aménagement du territoire, leur propension à bétonner un maximum pour plaire à leurs administrés ont conduit les cantons et la Confédération à leur enlever cette compétence – une perte de pouvoir historique.

Malgré tout, les communes fonctionnent, en général plutôt bien. Mais leur taille, notamment en Suisse romande, ne correspond plus aux enjeux d’aujourd’hui. La majorité des politiques qui comptent à l’échelon local se jouent déjà hors de leur périmètre.

Pour survivre, la commune doit grandir, mieux payer son personnel et ses élus, recourir davantage à des prestataires externes professionnels, collaborer encore plus au sein d’ensembles intercommunaux. Une mutation déjà largement avancée, mais qui mériterait un soutien accru de la part des cantons notamment.

En se transformant, la commune va devenir plus technocratique, plus distante, moins immédiatement lisible par ses citoyens. C’est le prix à payer pour rester efficace et pertinente à l’heure où les problèmes politiques les plus pressants sont autant, ou davantage, globaux que locaux.