Le texte ne contient en revanche aucune menace explicite de sanctions économiques ou diplomatiques, qui représenteraient de facto l'«inculpation» de la Syrie par l'ONU. Pour autant, le Conseil de sécurité ne dit pas non plus que sa clémence restera éternelle. En langage onusien, cela donne ceci: «Le Conseil pourra, si nécessaire, envisager d'autres mesures.»
En clair, la résolution 1636 est la toute dernière avant... la prochaine, qui marquera une nouvelle gradation du courroux international face au régime syrien. Déjà vu? Possible. Avant de chuter, Saddam avait été l'objet de plusieurs dizaines de résolutions, toutes plus «décisives» les unes que les autres. Une décennie de menaces avant l'invasion. Sans l'ONU.
L'explication de texte de la 1636 peut ainsi prendre plusieurs formes, parfois contradictoires. La première: c'est le retour du multilatéralisme, zappé par l'aventurisme américain en Irak. Washington et Paris font cette fois cause commune, ce qui explique la modération des formulations diplomatiques. La deuxième: la Syrie, bien que faible militairement, ne représente pas un objectif militaire réaliste pour les Américains. Parce que le chaos irakien leur suffit, parce qu'il existe, aussi, un axe fort entre Syriens et Iraniens. Une précipitation de l'administration Bush sur le dossier damascène compliquerait encore les choses avec Téhéran, renforçant ainsi le peu recommandable Mahmoud Ahmadinejad, l'homme aux envolées antisionistes.
La troisième: aucun pays arabe n'étant venu au secours de la clique Assad, il ne sera peut-être pas nécessaire de brandir la menace d'une intervention pour «peser» sur Damas. Il n'est d'ailleurs pas question, ces jours à Washington, d'un «changement de régime» en Syrie comme ce fut le cas à Bagdad, mais d'un «changement d'attitude».