ÉDITORIAL. La plupart des technologies actuelles n’existaient pas lors de la naissance de ce média. Les enjeux de l’ère numérique actuelle sont immenses

Toujours plus d’informations, toujours plus accessibles. Nous sommes tous face à une masse colossale de données, à chaque instant. Plongez, nagez, pêchez dans cet océan de chiffres, de mots, d’images et de sons, que vous, individus devenus émetteurs, contribuez à faire grandir, avec nous. Les promesses de cette ère de l’accès à tout nous enivrent encore, car les possibilités d’un monde meilleur sont réelles, ne serait-ce précisément que grâce à l’accès potentiellement universel à l’information. L’intelligence artificielle en ajoute, on se prend à rêver d’un bon usage des neurones humains, grâce à ces outils toujours plus futés ainsi et utilement performants. Aujourd’hui, les machines de type ChatGPT deviennent elles-mêmes des médias. Proposer du journalisme de qualité reste une gageure dans ce contexte, face à cette concurrence renouvelée et le devoir d’utiliser au mieux ces nouvelles technologies pour être encore plus pertinent.
Aujourd’hui, ces algorithmes divisent plutôt qu’ils ne rassemblent. L’ère de Twitter est celle du clash, du buzz et du shitstorm – pardon pour les anglicismes et le gros mot. Sur la planète des réseaux sociaux, les extrêmes portent plus que la nuance. Avec un corollaire: la formation d’espaces clos, dans lesquels il est facile de se complaire, voire de se réfugier, à l’abri des filtres.
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Aux origines
Comment vivre ensemble dans ce monde numérique débridé? Se parler implique de partager quelques points d’ancrage. Partager la connaissance de certains faits, validés, vérifiés. Les remettre en question, sans cesse, interroger ses perceptions et ses convictions, avec rigueur, pratiquer le doute constamment. Reconnaître que les opinions peuvent être opposées et trouver le moyen de les exprimer. Leur donner de la place, sous toutes les formes, dans les articles, dans les tribunes, lors des événements qui permettent la rencontre réelle. C’est à cela que Le Temps cherche à contribuer.
Les origines de notre journal remontent à 1798, à Lausanne. Vaud s’apprêtait à se libérer du joug bernois et à frapper sa monnaie dans une fonderie installée à la Cité. La Gazette de Lausanne paraît deux ou trois fois par semaine. Vingt-huit ans plus tard, le Journal de Genève voit le jour à l’initiative de James Fazy et son groupe d’amis, des intellectuels libéraux. En 1991, Jacques Pilet crée Le Nouveau Quotidien et révolutionne la presse romande. Le 18 mars 1998 naît Le Temps, sur les cendres de tous ces nobles ancêtres. Avec l’objectif d’être un journal crédible, rigoureux, ancré en Suisse et ouvert sur le monde, portant fièrement l’héritage reçu. Vingt-cinq ans plus tard, ce titre est toujours là, grâce à vous, chère lectrice, cher lecteur, que nous remercions chaleureusement. Il porte la même ambition, amplifiée par les interrogations à l’ère de ChatGPT, technologie dont on devine encore à peine ce qu’elle engendrera.
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