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Tirer le loup n’est pas la solution

ÉDITORIAL. Deux visions s’opposent: réguler drastiquement la présence du loup en Suisse ou lui laisser toute latitude. Il est aujourd’hui nécessaire de trouver une troisième voie, celle d’une cohabitation bien encadrée

Le grand méchant loup.  — © Jean-Christophe Bott/Keystone
Le grand méchant loup.  — © Jean-Christophe Bott/Keystone

Le grand méchant loup. Depuis notre plus tendre enfance, la peur du prédateur est ancrée en nous. La comptine assure qu’il faut se promener dans les bois pendant que le loup n’y est pas, sous peine d’être mangé. Le Petit Chaperon rouge ne se fait-il pas dévorer par un loup?

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Les exemples de diabolisation du canidé sont légion et son retour en Suisse, il y a près d’un quart de siècle, a fait resurgir ces craintes et relancé le débat sur sa présence dans nos contrées. Pour régler le problème, la solution semble toute trouvée: il faut supprimer le loup. Ou du moins réguler drastiquement sa population pour réduire les attaques sur les animaux de rente. C’est cette stratégie que les Chambres fédérales valident en facilitant le tir du prédateur, au travers de la révision de la loi sur la chasse, qui devrait être mise sous toit la semaine prochaine.

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Les craintes, légitimes, des agriculteurs, qui perdent chaque année des centaines de bêtes sous les crocs des loups, ont été entendues. L’argument qui souligne que «si nos ancêtres ont exterminé le loup, c’est qu’il y avait bien une raison» a porté ses fruits. Mais ce n’est pas parce que nos aïeuls, avec des raisons qui leur étaient propres, ont décidé d'éradiquer le prédateur et y sont parvenus que nous devons faire de même.

La régulation à tout-va est une solution de facilité, mais elle n’est pas l’unique issue. Elle se focalise sur une vision du loup comme concurrent nuisible de l’homme. Le canidé est l’ennemi de l’agriculteur car il mange ses bêtes, et il vole le travail des chasseurs en régulant lui-même la faune. Cette vision négative occulte toutes les autres facettes – plus positives – de sa présence sur nos territoires, comme la régulation de certaines espèces qui sinon pourraient nuire à la biodiversité, mais aussi son importance pour l’écosystème. Les carcasses que le loup laisse derrière lui permettent, par exemple, à de nombreuses autres espèces de se nourrir plus facilement.

La voie qui mène à une cohabitation harmonieuse entre l’homme et le prédateur ne semble pas exister aujourd’hui. Et pourtant, il va falloir l’imaginer, la créer, en dépassant la vision passéiste qui veut que le loup soit un danger pour l’homme. Cette solution se trouve quelque part entre les deux extrêmes que sont le désir de voir le loup disparaître totalement de notre territoire et le laisser-faire concernant le développement de sa population en Suisse. A nous, et plus particulièrement à nos politiciens, de la trouver.