Au sein du Conseil de l’Europe, la Suisse est considérée comme une bonne élève. Sauf sur un aspect précis: la transparence du financement de la vie politique. Pendant près de dix ans, le Groupe d’Etats contre la corruption (Greco), qui en est une instance, a prêché dans le désert.

Rapport après rapport, elle a pointé la Suisse du doigt pour l’opacité des flux financiers qui alimentent les partis et les campagnes politiques, qu’il s’agisse des élections ou des objets de votation.

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Rien n'a bougé depuis longtemps

Mais rien n’a bougé pendant des années. En 2017, plusieurs partis politiques de gauche et du centre se sont mobilisés pour lancer une initiative populaire qui, enfin, a secoué le ronronnant landerneau politique helvétique. Comme, parallèlement, plusieurs cantons ont pris l’initiative d’apporter un peu de clarté dans ces flux financiers, la démarche s’inscrivait dans l’air du temps.

Elle a débouché sur l’adoption – qui n’est pas encore définitive, les Chambres fédérales devant encore s’entendre sur le traitement à appliquer aux membres du Conseil des Etats – d’un compromis qui fixe un seuil à partir duquel les libéralités, dons et soutiens doivent être communiqués. Dans le contre-projet indirect opposé à l’initiative populaire sur la transparence, ce seuil est fixé à 15 000 francs.

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Un parcours mouvementé

Mais cela n’est pas allé sans mal. Dans un premier temps, le Conseil national a rejeté ce contre-projet. Et la motivation du Conseil des Etats ne paraît pas d’une robustesse à toute épreuve. Il faut souligner que les organisations, associations, entreprises qui soutiennent tel ou tel parti, tel candidat ou telle candidate n’ont pas toujours envie que cela se sache.

Cette remarque vaut aussi bien pour la droite que pour la gauche. Lorsque l’on évoque ce sujet, on part souvent du principe que ce sont les organisations économiques proches de la droite qui sont principalement concernées. Mais les syndicats et les ONG aussi engagent des moyens financiers dans les campagnes et les élections, l’argent étant, c’est bien connu, le nerf de la guerre, et c’est aussi valable en politique.

L’instauration de règles de transparence marque ainsi une évolution importante de la vie politique suisse. Il reste cependant à espérer que l’on n’assiste pas à l’avenir à la multiplication des dons de 14 999 francs…