L’évasion fiscale n’est pas un délit anodin. Celui, Suisse ou étranger, qui la pratique ne peut se cacher derrière le secret bancaire.
Compte tenu du point un, la Suisse n’adoptera pas l’échange automatique d’informations avec le fisc des Etats étrangers. Compte tenu du point deux, elle fournira une entraide dans des délais raisonnables pour les cas manifestes d’évasion étayés par des soupçons crédibles.
Bien entendu, ces principes laissent ouverts une foule de détails où le diable se cachera. Mais il s’agit d’une base de négociation, d’un message envoyé à nos partenaires, très irrités en ce moment, et – surtout – d’une position politique.
Le problème, c’est que, pendant ces années de beau temps, le gouvernement suisse n’a pas fait de politique: il l’a déléguée aux lobbies. Aux assureurs pour le système de santé, aux électriciens ou aux régies fédérales pour les services publics, aux banquiers pour le secret bancaire.
Or la clairvoyance des banquiers se lit tout entière dans le sondage que leur association a diffusé mercredi: 91% des Suisses «continuent de défendre comme un seul homme la protection de leur sphère privée pour les questions financières», lit-on. Un score soviétique… Sauf que d’autres sondages et signaux montrent le ras-le-bol croissant des Suisses face à l’évasion fiscale et au paravent du secret! L’Association des banquiers se cramponne aux méthodes d’antan: faire le gros dos, bétonner le réduit national. Pendant ce temps, Singapour, le Liechten-stein, la Belgique et Andorre ont fait plus de chemin en une semaine que la Suisse en dix ans. Le front du refus que Hans-Rudolf Merz rassemblait il y a quelques jours s’émiette avant même d’avoir été constitué.
Le Conseil fédéral s’est assez ridiculisé comme ça, assez caché derrière les «experts». Montrera-t-il aujourd’hui qu’il a commencé à gouverner?