Le sommet de l’Etat français qui parle en bien de son petit voisin – et notamment sur un dossier comme l’immigration, moins consensuel que l’habituel thème de la formation –, cela ne s’est pas vu depuis longtemps.

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Pour les hôtes successifs de l’Elysée, la Suisse a longtemps été un partenaire encombrant. Entre le pays des grandes valeurs déclamées et son voisin qui a fait du pragmatisme en toutes choses sa ligne de conduite, le câblage n’a jamais été installé d’office. Cette fois pourtant, un contact peut s’établir facilement: le président français souhaite imposer son pays comme un acteur central des relations internationales et la Suisse – en recherche d’appuis au sein de l’UE – ne demande pas mieux que de bénéficier de cette nouvelle dynamique.

Se poser en interlocuteur dans toutes les situations, faire remonter dans l’agenda des thèmes pas habituellement considérés comme centraux par la diplomatie traditionnelle (la sauvegarde du patrimoine dans les zones de conflit, évoquée lors de la rencontre avec Doris Leuthard), créer des ponts entre des dossiers qui ne sont a priori pas reliés (terrorisme et environnement) constituent tout autant d’éléments d’une méthode Macron dans laquelle la Suisse peut trouver des points d’accroche.

Les dossiers qui peuvent potentiellement fâcher les deux partenaires demeurent toutefois sur la table, avec la fiscalité tout en haut de la pile. Le gouvernement français qui a besoin d’augmenter ses revenus ne laissera pas le bénéfice du doute à la place financière suisse. Le nucléaire à la française, dont Emmanuel Macron est un fervent partisan, cadre mal avec les aspirations helvétiques. Mais dans ces deux cas, comme dans celui des tractations au sujet de l’aéroport de Bâle-Mulhouse, les feux semblent au vert.

Quand le gouvernement de François Hollande et les parlementaires socialistes en visite en Suisse voyaient les frontaliers comme un joint négligeable entre les deux pays, Emmanuel Macron y perçoit une «intimité». Signe qu’une nouvelle communauté d’esprit pourrait prendre forme entre les deux capitales. Lorsque le président français inclut la Suisse dans l’équation européenne et que, dans le même temps, notre pays peut se targuer d’être un partenaire fiable de l’Union contrairement à la Grande-Bretagne, c’est bel et bien un nouvel axe qui se dessine.

Emmanuel Macron qui a la volonté de faire de la France un nouveau phare en termes de diplomatie autant que d’économie a appelé au développement de la relation entre nos deux pays. C’est déjà en soit un excellent signal.

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