Pour un pacte fédéral sur le climat
Éditorial
OPINION. Les valeurs de responsabilité, de solidarité et d’exemplarité méritent d’être réactivées en faveur du climat. Au-delà du 1er Août, tel devrait être l’objectif prioritaire de la prochaine législature

Du conseiller fédéral au syndic du village, tout le personnel politique a répondu avec disponibilité à la tradition du 1er Août. Beaucoup se seront félicités que notre pays, grâce à son système basé sur le fédéralisme et la concertation, réserve à ses habitants un sort très enviable. La question du réchauffement s’est imposée dans les discours, réclamée par l’opinion aux orateurs de circonstance. C’est heureux, car la problématique de l’«urgence climatique» lance un véritable défi à la collectivité helvétique, en termes de responsabilité, de solidarité et d’exemplarité.
Il est injuste de dire que la classe politique ne fait rien pour le climat. Mais il est vrai que la législature qui s’achève n’a pas permis de concrétiser la révision de la loi sur le C02. Au lieu de cette mesure emblématique, elle a débouché sur le constat d’impuissance, face aux exigences de l’heure, d’un parlement polarisé.
L’exemplarité que les Suisses revendiquent si volontiers pèche dans le domaine de l’environnement. Le constat d’une biodiversité en péril est particulièrement inquiétant, l’empreinte écologique des grands consommateurs et voyageurs que nous sommes est considérable. Un si petit pays ne tient certes pas le sort de la planète entre ses mains, mais sa fierté sera d’être le meilleur.
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Un risque pour la cohésion sociale
La solidarité a permis à la Suisse d’éviter les fossés entre classes sociales, entre indigènes et immigrés. Il faudra la préserver, car elle risque d’être mise à l’épreuve: les moins favorisés ne devront pas se sentir les plus durement frappés par la nouvelle prise en compte des nécessités environnementales, les taxes notamment. Même si la France a des problèmes d’une autre ampleur, n’oublions pas que c’est une mesure écologique qui a fait éclater la révolte des «gilets jaunes».
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Tout cela plaide pour que l’esprit du pacte fédéral inspire l’action indispensable d’aujourd’hui. La campagne pour les élections fédérales démarrera sitôt les vacances finies. Que tous les candidats et futurs élus montrent face au défi écologique autant d’ambition qu’il en a fallu pour porter nos régimes de protection sociale et de formation, qui restent des références. A l’occasion de ce 1er Août, on a entendu le président de la Confédération, Ueli Maurer, qualifier le réchauffement climatique de problème très grave. Voilà qui tranche avec la direction de l’UDC, dont la ligne impassible en la matière indispose désormais nombre d’adhérents. Voyons-y un signe d’espoir.
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