Parmi les multiples chantiers géopolitiques ouverts par Barack Obama pour permettre aux Etats-Unis de «repartir de zéro», il en est un qui pourrait connaître une évolution significative ces prochains mois. Il s’agit du dossier iranien. Téhéran fait figure, dans cette nouvelle vision, de pivot dans une vaste stratégie régionale. Pourquoi l’Iran? Le pays est un acteur clé dans la résolution du conflit israélo-palestinien; c’est un Etat incontournable pour la stabilisation de l’Irak et de l’Afghanistan; c’est enfin le représentant emblématique d’un monde musulman en colère avec lequel Washington veut désormais dialoguer dans le «respect mutuel». Renouer avec l’Iran fera, d’un seul coup, bouger tous ces fronts.
Barack Obama ne ménage pas ses efforts. Chez l’allié turc, lundi, il expliquait que l’heure du choix était venue entre l’arme nucléaire et un avenir meilleur fait de partenariat. La veille, à Prague, il indiquait que les Etats-Unis soutenaient le «droit de l’Iran à disposer d’une énergie nucléaire pacifique dans le cadre de contrôles rigoureux». Quelques jours plus tôt, à La Haye, lors d’un sommet sur l’Afghanistan, des délégations des deux pays entraient en contact. Sans oublier ces vœux aux Iraniens pour leur Nouvel An.
Après 30 ans de rupture diplomatique et la mise de l’Iran au ban des nations sous l’étiquette de l’«Axe du mal», difficile toutefois de rétablir la confiance. Une initiative audacieuse en ce sens passe pourtant par la Suisse. Depuis six ans, comme le révèle notre enquête, des universitaires iraniens et occidentaux se réunissent secrètement, notamment à Genève, dans un processus que ses participants comparent à celui d’Oslo. Cette diplomatie informelle, «Track II», servira-t-elle de préambule à de futures négociations? Washington détaillera prochainement sa nouvelle politique iranienne. A Téhéran, un candidat à la présidentielle de juin déclare qu’il n’exclut pas de négocier avec l’Amérique d’Obama. L’histoire secrète de cette réconciliation pourrait bien s’écrire en partie en Suisse.
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