Dans une semaine, le Conseil d’Etat genevois sera de nouveau au complet. Les Genevois auront choisi, en leur âme et conscience, celui ou celle qui les représentera au plus haut niveau politique et la campagne la plus folle de ce début de siècle aura pris fin. A une semaine de l’échéance, un homme condamné par la justice en première instance, considéré par un ex-juge fédéral comme inapte à diriger son département, est en bonne position pour se succéder à lui-même. Et le fait que Pierre Maudet, convaincu de soustraction fiscale, soit le héraut de la plus grande faîtière économique du canton n’est pas le moindre des paradoxes de cette équipée sauvage. Les présences de la PDC Delphine Bachmann et de l’UDC Yves Nidegger morcellent certes le camp de la droite, mais elles offrent aussi à celles et ceux qui voudraient éviter de revoir Pierre Maudet au Conseil d’Etat des alternatives qui pourraient, in fine, le renforcer en détournant des bulletins de sa plus sérieuse concurrente.

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Le talent du ministre indépendant démissionnaire aura été d’avoir redéfini, par temps de crise qui plus est, l’idée de campagne électorale. La stratégie de cet esprit politique pur s’est accentuée dans la campagne du second tour. Se faire l’écho, puisqu’il est désormais son propre média, des intérêts sectoriels, voire individuels. Restaurateurs, horlogers, entrepreneurs de la nuit: chacun a eu l’occasion, via le candidat, de faire part de ses besoins. Tous sont bien évidemment honorables et légitimes. Ces intérêts particuliers, mis bout à bout, font-ils pour autant un projet de société? Chaque électeur a sa réponse.

Corollaire de ce discours qui dépeint, malgré les faits, Pierre Maudet en homme providentiel: l’outrance avec laquelle est décrite la candidate verte. Fabienne Fischer est une extrémiste, assurent ses concurrents de droite, et son élection mettrait le canton en péril, en faisant basculer la majorité gouvernementale à gauche et planer la menace d’une hausse d’impôts. Il est vrai que l’écologiste n’a pas affirmé qu’elle se battrait contre une telle mesure. Mais c’est prêter beaucoup de pouvoir à cette novice que de lier sa présence dans le collège gouvernemental à une explosion immédiate des prélèvements obligatoires. De même, la permanence de Pierre Maudet au Conseil d’Etat ne garantit en rien le contraire. Cette décision relève du parlement, voire du peuple en dernier recours. Dans sa composition actuelle, elle semble peu probable, même si le tourbillon que nous vivons nous enseigne que nous ne sommes préservés de rien.

Cette dernière semaine s’annonce déconcertante. Les mois qui suivent également, jusqu’aux élections cantonales de 2023 et au-delà. Quel que soit le résultat des urnes, cette élection partielle a déjà changé la donne de la politique genevoise.