Les montants, par ailleurs, n’enlèvent pas les futurs écueils politiques. Car en jouant si gros sur le tapis vert des marchés financiers, l’Union européenne s’oblige elle-même à devoir, demain ou après-demain, abattre ses cartes.
La Commission, hier bernée par les statistiques grecques ou contrainte de se taire devant les abus, va devenir, de fait, un créancier doté de pouvoirs intrusifs sur des pays membres toujours jaloux de leurs prérogatives. Et l’Eurozone malade va devoir, pour que le remède fonctionne, accoucher d’une gouvernance économique à la hauteur de sa monnaie unique. Ce qui partout, ou presque, suppose des sacrifices assurés de dissiper un peu plus les dernières illusions de souveraineté.
Or tous ces chocs, survenus dans le secret des bourses, et toutes ces ripostes, concoctées jusque tard dans la nuit dans le secret des sommets communautaires, font fi des peuples européens. Lesquels ont de quoi se sentir ces jours-ci déboussolés. D’où l’autre urgence pour les leaders européens à la crédibilité vacillante: réexpliquer de toute urgence, comme le fit Robert Schuman il y a soixante ans dans sa déclaration du 9 mai 1950, la raison d’être de cette facture astronomique.