Combien seront-ils mardi soir à siffler sous les fenêtres du château Saint-Maire, à Lausanne? C’est tout l’enjeu de cette nouvelle grève de la fonction publique et du parapublic vaudois. Après des débuts poussifs en décembre dernier, le mouvement, qui demande une indexation pleine et entière des salaires, ne cesse de prendre de l’ampleur. Cette journée du 31 janvier promet d’être déterminante. Les syndicats en sont conscients et mobilisent tous azimuts. Ils comptent beaucoup sur les employés du CHUV, dont quelques services ont voté un préavis de grève. La question de l’indexation pourrait servir d’étincelle dans des secteurs de la santé et du social, où les conditions de travail ne cessent de se dégrader. Le personnel est à bout de souffle. Sa mobilisation serait un tournant.

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Car, portées jusqu’ici par le milieu des enseignants, les revendications suscitent pour l’heure plutôt de l’incompréhension, voire du rejet, au sein du reste de la population. La rancœur grandit envers des fonctionnaires perçus comme des privilégiés, en particulier après le Covid-19, où ils étaient protégés par la sécurité de l’emploi. Ce ressentiment participe à légitimer le Conseil d'Etat dans sa volonté de demeurer inflexible, expliquant à l’envi les différentes mesures de son approche globale de lutte contre l’inflation, qui doit bénéficier non seulement au personnel de l’Etat mais à l’ensemble des Vaudoises et des Vaudois.

Bien sûr, le gouvernement sorti des urnes en 2022 avait rapidement dû prendre en main les problématiques de l’accueil des réfugiés ukrainiens et de l’approvisionnement énergétique. Mais ces grèves de la fonction publique représentent la première difficulté politique de cette nouvelle majorité de droite, qui jusqu’ici avait réussi à faire passer son programme de législature et son premier budget sans coup férir. Si ces succès placent l’exécutif en position de force vis-à-vis des syndicats, sa situation est plus délicate qu’il n’y paraît. Il doit rapidement trouver les mots justes afin d’apaiser la situation. Et éviter que les tensions ne s’exacerbent, notamment entre employés du privé et du public, des gens éreintés par la pandémie et fragilisés par le renchérissement du coût de la vie. Mais le pourra-t-il face à la colère de la rue?

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