L’initiative dite «vache à lait» meurt d’une anxiété similaire. Elle aurait privé le budget fédéral de 1,5 milliard par an. Certes, le fonds routier, qui prend désormais seul le relais, fait la moitié du chemin et puisera 700 millions dans la caisse d’Ueli Maurer. Mais la différence est sensible et prend en compte le fait que d’autres projets importants et coûteux sont en route: la réforme de l’imposition des entreprises, la Prévoyance vieillesse 2020 et, plus tard, un nouveau traitement fiscal des couples mariés.
Sans oublier les dépenses de l’asile. La nouvelle loi votée dimanche permet certes de faire des économies, mais l’anticipation d’un possible afflux massif de requérants a déjà déclenché une demande de rallonge budgétaire de 353 millions pour l’année en cours.
On peut se livrer à la même analyse pour l’initiative sur le service public. Elle aurait privé la Confédération d’un bon milliard de dividendes et d’impôts, sans qu’on puisse avoir la moindre certitude que l’argent ainsi laissé aux ex-régies soit véritablement utilisé dans le sens espéré par les initiants. En Suisse orientale, c’est également un réflexe budgétaire qui a conduit à l’échec du projet d’Expo nationale 2027.
L’électorat a ainsi fait son choix. A la rêverie, à la contrariété provoquée par la disparition d’un bureau postal ou un train en retard, il a préféré la solidité financière. Il n’a pas perdu de vue que, si l’on exerce une trop forte pression sur les dépenses fédérales, on fait des victimes. Et ces victimes sont toujours les mêmes: c’est la formation, c’est la recherche, c’est l’agriculture, c’est le filet social. Les votants ont refusé de s’aventurer sur ce terrain-là. Ce week-end, la guerre électorale a été remportée par ce qui en est le nerf.
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