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Victoire sans nuages

Editorial.

Des T-shirts rouges, des drapeaux, une chorale enfantine, des discours et des saucisses grillées: c'était finalement une fête du 1er Août très ordinaire. Même une poignée d'extrémistes de droite y a participé sans se faire autrement remarquer - il faut dire que des policiers aussi discrets qu'efficaces la surveillaient de près.

Micheline Calmy-Rey, en un mot, a gagné son pari. Sa victoire est comme le soleil qui a baigné cette journée: sans nuages. Peu d'élus auraient boudé la chaleur des ovations qui ont salué son arrivée au Grütli et les moments marquants de son discours.

Portée par cette vague d'approbation pour son entêtement patriotique, elle a conféré à ce discours un ton engagé qui tranche avec les propos plus lénifiants entendus jusque-là dans sa bouche. Non contente d'affirmer les valeurs d'ouverture et de tolérance qui fondent la Suisse à ses yeux, elle a martelé la nécessité de défendre la liberté de culte - une allusion directe à l'initiative anti-minarets - et attaqué de front l'UDC et son «exploitation éhontée» des peurs suscitées par la globalisation. Chacun demeure en outre libre d'apprécier si elle visait uniquement les extrémistes de droite lorsqu'elle a opposé un patriotisme d'amour de l'autre à un nationalisme de haine.

Le public - le sien - était conquis d'avance. Le monde politique sera sans doute moins unanime; son collègue de parti Moritz Leuenberger a déjà décoché, de Palagnedra, quelques flèches contre la médiatisation de son opération. Mais elle peut voir venir les critiques d'un œil serein. Si la Fête nationale n'a pas nui à sa promotion personnelle, ses adversaires, par leur courte vue et leur mesquinerie, ont fait le gros du travail à sa place. Quant à l'exploitation politique, elle est dans la nature des choses: donner un contenu aux valeurs nationales, c'est faire de la politique et le Grütli n'a pas cessé, dans l'histoire, d'être instrumentalisé. Sans compter que la plus prompte à lui faire ce grief, l'UDC, s'est privée de toute légitimité à cet égard avec la détestable opération de promotion de sa dernière initiative.