Portée par cette vague d'approbation pour son entêtement patriotique, elle a conféré à ce discours un ton engagé qui tranche avec les propos plus lénifiants entendus jusque-là dans sa bouche. Non contente d'affirmer les valeurs d'ouverture et de tolérance qui fondent la Suisse à ses yeux, elle a martelé la nécessité de défendre la liberté de culte - une allusion directe à l'initiative anti-minarets - et attaqué de front l'UDC et son «exploitation éhontée» des peurs suscitées par la globalisation. Chacun demeure en outre libre d'apprécier si elle visait uniquement les extrémistes de droite lorsqu'elle a opposé un patriotisme d'amour de l'autre à un nationalisme de haine.
Le public - le sien - était conquis d'avance. Le monde politique sera sans doute moins unanime; son collègue de parti Moritz Leuenberger a déjà décoché, de Palagnedra, quelques flèches contre la médiatisation de son opération. Mais elle peut voir venir les critiques d'un œil serein. Si la Fête nationale n'a pas nui à sa promotion personnelle, ses adversaires, par leur courte vue et leur mesquinerie, ont fait le gros du travail à sa place. Quant à l'exploitation politique, elle est dans la nature des choses: donner un contenu aux valeurs nationales, c'est faire de la politique et le Grütli n'a pas cessé, dans l'histoire, d'être instrumentalisé. Sans compter que la plus prompte à lui faire ce grief, l'UDC, s'est privée de toute légitimité à cet égard avec la détestable opération de promotion de sa dernière initiative.