Ah, les jeunes, ces étranges créatures non binaires, pansexuelles, aux cheveux non genrés qui menacent la société! Ah, les vieux, ces empêcheurs de révolution qui mettent des bâtons dans les roues du progrès! Si, de tout temps, elles ont existé, les tensions intergénérationnelles semblent s’être intensifiées ces dernières années, notamment autour de nos façons d’aimer. Au point, pour certains, d’évoquer un «clash des générations»: expression aussi séduisante que réductrice.

En ce jour de Saint-Valentin, nous avons souhaité explorer la sexualité des moins de 25 ans, afin de sonder les chiffres: de quoi rêvent-ils? De quoi (ou de qui) ont-ils envie, au-delà des fantasmes des uns et des terreurs des autres? Il faut croire que tout le monde s’était trompé sur leur compte, une partie des jeunes eux-mêmes, et une partie des baby-boomers. Comme le souligne dans son analyse la «sexperte» Maïa Mazaurette, à qui Le Temps a demandé de décortiquer les études, certes les débats évoluent, mais les pratiques changent peu. En dépit des sex-toys de supermarchés et des rencontres pixélisées, en termes de valeurs, la fidélité et les unions durables restent la panacée.

Eduquer au consentement, la vraie priorité

Dire de sa propre génération qu’elle veut massivement en finir avec le sexe «classique» ou l’exclusivité amoureuse, c’est voir le monde à travers le prisme déformant d’un entre-soi. La norme sociale se reproduit largement, et ni les pratiques elles-mêmes ni l’âge du premier rapport sexuel n’ont évolué – au contraire, la pandémie a plutôt refroidi les ardeurs.

Mais le corollaire de ce constat est tout aussi vrai: si les aspirations amoureuses, finalement, changent peu, c’est bien la preuve que les débats de société liés au genre, au couple, à l’orientation sexuelle ou à la transidentité ne menacent en rien l’ordre établi. Ils ne font que rendre visible ce qui existait depuis toujours à la marge, intégrer au débat public celles et ceux qui ne se voyaient jamais représentés.

D’autres débats nous attendent et le danger est ailleurs. Selon une étude britannique publiée il y a deux semaines, près de la moitié des jeunes croient que «les filles attendent ou apprécient les pratiques violentes». Dans la même étude, on peut lire que 51% des filles et 32% des garçons ont déjà été confrontés à des contenus pornographiques volés, mettant en scène une de leurs connaissances. L’éducation de tous et toutes au consentement: voilà de quoi rassembler la société tout entière autour d’une même, véritable, urgence.

Lire aussi: La sexualité des jeunes: entre porno et mélo


Retrouvez tous les éditoriaux du «Temps».