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Washington au pied du mur en Syrie

Personne n’a intérêt à la déflagration générale. Mais le petit jeu auquel se livrent les grandes puissances devient de plus en plus risqué

Un Super Hornet, avion américain. — © Navy/Seaman Weston A. Mohr/Handout/Reuters
Un Super Hornet, avion américain. — © Navy/Seaman Weston A. Mohr/Handout/Reuters

La guerre contre l’Etat islamique bat son plein. A Mossoul et à Raqqa, dans un déluge de feu de moins en moins respectueux de la vie des civils, la présence des djihadistes disparaît progressivement, du moins sous la forme actuelle de leur organisation. Mais, déjà, la prochaine guerre pourrait se préparer. Armée syrienne, mais aussi Russie et Iran s’emploient désormais à provoquer les Américains, que les uns et les autres considèrent en Syrie comme un corps à expulser.

Les confrontations quasi directes sont de plus en plus fréquentes, même si elles restent pour l’instant limitées. Personne n’a intérêt à la déflagration générale. Mais, alors qu’un premier avion syrien a été abattu en vol dimanche par les Américains, alors que Téhéran a fait parcourir 500 kilomètres à des missiles afin de mieux marquer son territoire, l’évidence est là: le petit jeu de la poule mouillée auquel se livrent les divers états-majors est particulièrement risqué.

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Les historiens, demain, verront-ils la victoire contre l’Etat islamique comme un simple épisode d’une guerre plus vaste, qui avait commencé bien avant lui, et qui se poursuivra bien après sa disparition? Ils auront surtout à déchiffrer ce qui, pour l’instant, reste un mystère quasi absolu: quels sont, en Syrie, les objectifs des Etats-Unis, et plus particulièrement de leur administration actuelle?

Alors que Donald Trump n’en finit pas de battre de l’aile depuis qu’il a accédé à la Maison-Blanche, ses visées syriennes semblent se résumer à «l’annihilation» promise de l’Etat islamique. Une guerre sans prisonniers qui non seulement contribuera à nourrir les extrémismes de demain, mais qui oublie aussi une donnée fondamentale: en Syrie, bien davantage qu’en Irak, les Américains opèrent en terrain hostile, et même violemment hostile. Tandis que chacun, déjà, réfléchit au coup d’après, le président américain alterne entre formules incendiaires contre l’Iran, actions de représailles sans lendemain (le bombardement d’une base syrienne en avril dernier) et un néant stratégique qui commence à inquiéter même les plus insouciants. Un avion abattu par ici, des armes livrées par là, une grosse colère exprimée entre deux… L’armée américaine, en Syrie, est aujourd’hui au pied du mur. Mais son commandant en chef s’en rend-il seulement compte?