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Elections genevoises: la cécité du landerneau politico-médiatique

Les observateurs avertis ont été étonnés de la percée de l’UDC, du MCG et de l’arrivée de la liste de Pierre Maudet au Grand Conseil. C’est le signe que les partis de centre droit sont déconnectés de la réalité

Uni Mail lors des résultats, dimanche 2 avril, des élections genevoises. — © David Wagnières pour Le Temps
Uni Mail lors des résultats, dimanche 2 avril, des élections genevoises. — © David Wagnières pour Le Temps

Lundi matin, Genève s’est réveillée ébahie devant la victoire de la droite au Grand Conseil. Vraiment? De qui parle-t-on quand on évoque l’étonnement des Genevois? Il faut le reconnaître: le landerneau politico-médiatique, une minorité, donc. En se disant stupéfait devant l’avancée de l’UDC, du MCG et de l’arrivée en fanfare de la liste de Pierre Maudet au Grand Conseil, il a fait la preuve de sa profonde déconnexion des préoccupations de la population, prise en tenailles entre une gauche moralisatrice et bien-pensante et une droite traditionnelle qui croit toujours pouvoir capitaliser sur ses vieux acquis sans prendre de risque. Un des enseignements de ce premier tour des élections, c’est la cécité d’une partie de la classe politique, des médias, des politologues et autres analystes.

Le terrain, lui, a choisi de faire entrer au parlement dix représentants de la formation de Pierre Maudet, Libertés et justice sociale, qui n’est pas, contrairement à ce qui a été dit, une liste éclectique. Quasi tous sont issus de professions libérales, c’est donc une liste de droite, tout simplement. Pierre Maudet lui-même a d’ailleurs réalisé de bons scores dans les communes où Nathalie Fontanet, la star incontestée de ce scrutin, fait le plein de voix. Il faut donc croire qu’une partie des électeurs PLR n’ont que faire des préventions de leur parti à l’égard de l’exclu.

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Genève a aussi fait sortir l’UDC de l’insignifiance. Premier parti de Suisse, influent depuis trente ans, l’UDC confirme au bout du lac la progression qu’elle a démontrée ailleurs dans le pays lors des derniers scrutins. Là encore, l’intelligentsia l’explique par la tentation contestataire. Or, c’est un abus de langage que de prétendre que 26% de la population suisse y est portée. Les citoyens qui ont voté pour l’UDC, un parti certes populiste, disent simplement aux directions des partis de centre droit qu’ils veulent une politique plus affirmée face aux enjeux fiscaux, de mobilité et sociétaux – ces derniers étant confisqués par la gauche alors que la droite regarde pudiquement ailleurs.

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Quant à la percée du MCG, parti protestataire que journalistes et analystes annonçaient moribond, la société élitaire précitée n’y croyait pas. C’est que cette dernière fréquente davantage le marché de Rive que le bistrot du coin.

La victoire de ces formations fait la démonstration de l’aveuglement d’un establishment de centre droit qui fait de la politique comme dans un think tank. Il serait bien inspiré de contempler le monde tel qu’il est, s’il veut rafler la mise au Conseil d’Etat.

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