Il y a trois domaines où les femmes gagnent plus que les hommes: le mannequinat, l’industrie du X et les emplois fictifs. Qui peut prétendre aux rémunérations de Penelope Fillon comme assistante parlementaire ou comme rédactrice de notules pour la «Revue des deux Mondes»? Mais j’ai un doute: savait-elle seulement qu’elle avait deux jobs ou l’a-t-elle découvert en lisant «Le Canard»? On se le demande quand on l’entend dire au «Sunday Telegraph» en mai 2007 qu’elle n’a jamais «jamais été l’assistante de son mari» et qu’elle ne s’est pas non plus occupée de sa communication.

Et Marine aussi

Autre emploi fantôme lucratif, celui de l’assistante de Marine Le Pen à Bruxelles, d’octobre 2010 à février 2016, à hauteur de 300 000 euros, alors qu’elle travaillait en fait pour le bureau du Front national, à Paris. La patronne du FN conteste les faits, et refuse de rembourser le Parlement européen.

Un job d’ange gardien

Elle a beau jeu. Face à l’emploi fictif, la justice hésite à trancher, tant le cahier des charges d’un assistant parlementaire reste flou, réservé au bon vouloir de celui qui l’engage. Dans le cas de Penelope Fillon, comme le dit son avocat, ce n’était pas «forcément un travail tangible, ni même matériel». La définition même de la muse ou de l’ange gardien.

Et pourtant, même dans ce travail de l’ombre, les femmes sont pénalisées. C’est ce qu’on a appris lorsque le député écologiste François de Rugy, choqué par les émoluments de Penelope, a posté sur Twitter les fiches de paie de deux de ses collaborateurs. Il a caché leurs noms, mais pas leurs numéros de Sécurité sociale. Des internautes ont ainsi découvert que sa collaboratrice était moins bien payée que son homologue masculin, alors que le nombre d’heures de travail effectuées était supérieur.

La mère mais pas la fille

Au moins Penelope n’aura-t-elle pas eu à souffrir de cette injustice. Elle, non… mais quid de sa fille? François Fillon qui, selon ses propres aveux, a également embauché ses enfants pour des «missions», aurait, selon «Le Canard enchaîné», payé 27% de moins sa fille que son fils, alors que les deux enfants avaient le même âge et le même niveau d’études lors de leur entrée en fonction.

Heures (fictives) supplémentaires

A emploi fictif, salaire égal. C’est la moindre des choses. Alors pourquoi une telle différence? Probablement pour rester dans les usages, faire comme tout le monde, paraître crédible. L’inverse aurait pu attirer les soupçons. Mais dans un monde qui marche sur la tête, on peut aussi avancer l’imparable argument du «travailler plus pour gagner plus»: le frère a simplement fait plus d’heures fictives que sa sœur.

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