Neuchâtel doit perfectionner l’organisation de sa protection de l’enfance, mise à mal par différentes réformes menées ces dernières années. La dernière visait à améliorer la prise en charge des mineurs en difficulté tout en permettant d’importantes économies. Dans les faits, comme le souligne un récent audit, elle empêche aujourd’hui les collaborateurs des offices concernés de mener leur mission première.

En découlent des difficultés très concrètes. Voyant leur expertise souvent remise en cause, les intervenants de terrain se sentent démunis. Et relèvent que des familles se retrouvent parfois perdues face à un système complexe et des procédures administratives lourdes. A cela s’ajoute un manque de places en institution ou en familles d’accueil dû à une mauvaise anticipation des besoins, qui contribue à crisper les fronts. Au final, ce sont les enfants eux-mêmes qui risquent de se retrouver victimes des tensions qui agitent les adultes censés les défendre.

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Assurer la sérénité

Le cas de Neuchâtel, où la dernière réforme a été mal préparée du point de vue de la gouvernance stratégique et mal accompagnée, n’est pas isolé. Ces dernières années, des crises liées à cette thématique ont agité les cantons de Vaud, du Valais, de Fribourg. A Genève, le projet d’harmonisation de la protection de l’enfance et de la jeunesse lancé en 2020 peine à porter ses fruits et a fait l’objet de critiques en début d’année.

Près de 20 000 enfants se trouvaient en institutions ou dans des familles d’accueil en 2018, selon l’association Enfants placés et adoptés Suisse. Dans le même temps, l’étude «Optimus» constatait que jusqu’à 50 000 enfants étaient mis en contact chaque année avec les organisations de protection de l’enfance parce que leur bien-être était menacé – ce qui ne représentait selon ses auteurs que «la partie émergée de l’iceberg». A cela s’ajoute la pandémie, qui a accéléré la dégradation de la santé mentale des mineurs, déjà observée de façon continue depuis 2012, selon l’Observatoire suisse de la santé.

Face à ces réalités, les structures de prise en charge doivent pouvoir faire leur travail sereinement, sans être perturbées par des réformes certes utiles, mais dont l’application laisse à désirer. La responsabilité en incombe aux autorités politiques avant tout, qui doivent prendre ce sujet hautement émotionnel à bras-le-corps. Et ce, en s’appuyant sur l’expertise des personnes de terrain, et non en opposition avec elles comme cela s’est fait jusqu’ici à Neuchâtel.